vendredi 6 septembre 2019

UTMB 2019

Je vais essayer de vous raconter‭ ‬37‭ ‬h de course autour du Mont Blanc.
Dimanche‭ ‬1er septembre à‭ ‬7h32,‭ ‬je franchi la ligne d’arrivée de l’UTMB à Chamonix.‭ ‬C’est une joie profonde car j’attendais ce moment depuis‭ ‬9‭ ‬ans et pensais ne pas pouvoir le vivre.‭

Car participer à l’UTMB n’est pas une mince affaire.‭ ‬Il faut obtenir‭ ‬15‭ ‬points en‭ ‬3‭ ‬courses par an en étant finisher sur des trails pour s’inscrire sur la liste du tirage au sort.

En‭ ‬2017,‭ ‬après avoir digéré les pépins physiques et grâce à l’impulsion de Baptiste,‭ ‬nous créons un groupe pour participer à l’UTMB.‭

Mais pendant‭ ‬2‭ ‬ans,‭ ‬nous ne sommes pas tirés au sort car il y a plus de‭ ‬7‭ ‬000‭ ‬demandes pour‭ ‬2 300‭ ‬places soit‭ ‬30‭ ‬%‭ ‬de chance d’être pris.‭ ‬Heureusement,‭ ‬la‭ ‬3ème année le coureur est pris d’office.

Donc avec Baptiste‭ ‬2019‭ ‬sera l’année UTMB et j’axe mon plan d’entrainement sur cet objectif avec comme course :‭ ‬La pierre sanglante,‭ ‬Mirmande,‭ ‬Grand raid du Ventoux,‭ ‬Ultra Lozère avec le club et bien sûr avec les sorties du week end avec les Montélégeois.

C’est avec le sentiment d’être prêt que je prends le départ et avec pour objectif de finir autour des‭ ‬38h.‭ ‬Mais dans un ultra surtout lorsqu’on part pour‭ ‬2‭ ‬nuits,‭ ‬une part d’incertitude existe et il faut surmonter ses doutes.‭

La semaine précédant le départ,‭ ‬c’est l’effervescence dans ma tête car il faut préparer le matériel obligatoire et le reste pour la course.‭ ‬Prévoir s’il fait chaud,‭ ‬froid,‭ ‬pluie‭… ‬tout ce qu’il faut pour courir dans de bonne condition à plus de‭ ‬2 000.‭ ‬Ludo en sait quelque chose.‭ ‬Il a transporté mes sacs d’assistance pendant‭ ‬2‭ ‬jours.
J’ai rendez-vous jeudi entre‭ ‬18‭ ‬et‭ ‬19h pour récupérer mon dossard et faire contrôler mon sac.‭ ‬En‭ ‬15‭ ‬minutes l’affaire est pliée et je rejoins Philippe,‭ ‬Baptiste,‭ ‬Jennifer au chalet pour passer la dernière nuit avant le départ.
Vendredi matin,‭ ‬je fais un tour du salon du trail ou chaque marque rivalise dans l’innovation.‭
Je fais une petite sieste puis avec Baptiste on se prépare.
A‭ ‬16h00‭ ‬toute l’équipe avec les conjoints et Chloé partons pour la place du triangle.‭ 
Comme prévu,‭ ‬l’orage de‭ ‬17h arrive mais heureusement,‭ ‬il s’arrête pour le départ et je ne reverrai plus la pluie.

Il faut vivre ce moment où tu franchis le portique de départ en sachant que‭ ‬2‭ ‬jours après tu y repassera dessous pour boucler la boucle.‭
Jusqu’au Houches,‭ ‬des milliers de personnes encouragent les coureurs.‭ ‬Ensuite,‭ ‬c’est une file continue de coureur qui passe le Delevret,‭ ‬la‭ ‬1ere bosse‭ ‬706D+.‭ ‬Il faut bien commencer.
La nuit s’installe et le passage à St Gervais,‭ ‬pour le‭ ‬2ème ravito,‭ ‬altitude‭ ‬810,‭ ‬se fait dans une super ambiance.
Nous attaquons la longue montée jusqu’au sommet de la croix du bonhomme à l’altitude‭ ‬2 329.‭ ‬Je branche le MP3‭ ‬et me laisse aller avec la musique.‭  ‬Au ravito des Contamines Monjoie,‭ ‬je suis surpris de voir Baptiste car je pensais qu’il était devant.‭ ‬Nous faisons un bout de chemin ensemble en courant chacun à son allure.

Nous descendons sur Les Chapieux,‭ ‬5ème ravito pour monter les cols de la Seigne‭ (‬rentrons en Italie‭) ‬et des pyramides calcaires.‭ ‬Avec ce nom-là,‭ ‬je pouvais m’en douter mais je me retrouve devant des gros blocs de granite qu’il faut pratiquement escalader du côté montée et descente.‭ ‬Ensuite nous arrivons au lac Combal avec le levé du jour.‭
Nous remontons sur l’arrête du Mont Favre où le paysage est super.
De là,‭ ‬je descends sur Courmayeur notre‭ ‬8ème ravito et vais pourvoir voir toute l’équipe qui a traversé la montagne pour venir nous encourager.‭ ‬Ludo est dans les starting bloc pour m’assister et je prends mon temps pour me changer.‭ ‬Baptiste arrive quand je prends le départ pour la deuxième moitié du parcours.‭

Je fais le point et tout va bien.‭ ‬Heureusement car j’ai fait à peine la moitié.

Il est‭ ‬9h22‭ ‬et me voilà parti pour traverser les refuge Bertone,‭ ‬Bonatti‭  ‬par un sentier agréable.‭ ‬Je croise de nombreux randonneurs Italiens et je vais jusqu’au Grand col Ferret altitude‭ ‬2537.
Le paysage est magnifique :‭ ‬glacier,‭ ‬cascade,‭ ‬torrent,‭ ‬plaine‭… ‬et les grandes Jorasses sous un super soleil.
La montée du Grand col Ferret est laborieuse.‭ ‬
On avance par petit pas,‭ ‬ça fait‭ ‬20h que l’on est parti.‭ ‬Je vois quelques coureurs s’arrêtaient pour se reposer,‭ ‬voir dormir.‭ ‬J’arrive à‭ ‬14h35‭ ‬au sommet et me retrouve en SUISSE.‭ ‬Pas de douanier pour vérifier si je transporte des billets dans mon sac ‭!
Maintenant,‭ ‬grande descente roulante jusqu’au ravito n°12,‭ ‬la Fouly où les supporters sont là :‭ ‬Quentin,‭ ‬Jennifer,‭ ‬Philippe,‭ ‬Cécile,‭ ‬Séverine,‭ ‬Chloé,‭ ‬Morgane et Nicole.

Jordan vient à ma rencontre
Puis Manu qui vient de faire la TDS

Il n’y a plus la cohue de la‭ ‬1ère partie.‭ ‬Des petits groupes se forment et se mélangent en fonction des arrêts de chacun.‭ ‬Je continue la descente jusqu’à Praz de Fort avec un coureur.‭ ‬En traversant ce hameau,‭ ‬très Suisse :‭ ‬superbe chalet en bois,‭ ‬pelouse bien tondue et verte,‭ ‬un enfant en vélo nous propose si nous voulons boire.‭ ‬Et il nous explique qu’un petit ravito‭ «‬ sauvage ‭» ‬et tenue par les enfants.‭ ‬Cela tombe bien car mon eau est chaude et boire du frais à‭ ‬17h est bien agréable.‭ ‬Nous entendons l’orage derrière nous et le ciel menace‭
Heureusement CHAMPEX-LAC est devant nous, ‬mais il faut monter‭ ‬457‭ ‬mètres.
J’arrive à ce‭ ‬13ème ravito où Philippe et Ludo m’attendent.‭ ‬
 Je m’équipe pour la nuit qui va arriver,‭ ‬il est‭ ‬19h

Avec Ludo nous faisons le point.‭ ‬Je cours depuis plus de‭ ‬24h et il reste la traversée jusqu’à Plan de l’Au puis les‭ ‬3‭ ‬dernière montées/descentes.‭ ‬Je suis presque arrivée,‭ ‬oui,‭ ‬mais il reste quand même‭ ‬46‭ ‬km et‭ ‬2‭ ‬822‭ ‬D+‭ ‬soit un trail classique.‭ ‬Dans mes prévisions,‭ ‬cela représente quand même‭ ‬12h30.‭ ‬Philippe m’explique que la traversée va être cool sur un sentier mais il ne rentre pas dans le détail des montées.‭ ‬Je vais comprendre pourquoi‭…

Lorsque j’attaque la montée de la Giete‭ ‬6.5‭ ‬km pour‭ ‬754‭ ‬D+,‭ ‬nous sommes‭ ‬4‭ ‬et nous n’avançons pas car il faut contourner les pierres pour avancer et je sens une fatigue me gagner.‭ ‬Je me surprends à marcher en fermant les yeux ou que les ombres des frontales dessinent des objets ou des personnages que mon cerveau interprète.‭ ‬Je me dis qu’au prochain ravito à Trient,‭ ‬je me poserai pour dormir.‭ ‬Je me rappelle mon objectif :‭ ‬ARRIVEE A CHAMONIX en bon état.‭ ‬La descente se fait aussi dans la caillasse mais elle me réveille.‭

Voilà TRIENT ravito n°14,‭ ‬malgré que je n’ai pas forcément sommeil,‭ ‬je préfère me reposer‭ ‬20‭ ‬minutes.‭ ‬Dommage car j’étais avec‭ ‬3‭ ‬autres coureurs où nous avions le même rythme.‭ (‬marcher,‭ ‬relancer,‭ ‬courir,‭ ‬marcher‭…)
Il me reste la montée et la descente des Tseppes qui se fait finalement bien car le sentier est assez roulant.‭

Au ravito n°15,‭ ‬Vallorcine,‭ ‬je m’arrête peu afin d’arriver.‭ ‬Je me rappelle le leitmotiv d’Emeric‭ «‬ plus on avance,‭ ‬plus vite on arrivera ‭»‬.‭ ‬Je retrouverai mes supporters à l’arrivée.‭ ‬Ils vont essayer de dormir un peu après avoir vu Baptiste.
Mais voilà,‭ ‬il faut grimper à la Tête aux vents‭ ‬863‭ ‬D+‭ ‬sur‭ ‬7.7‭ ‬km sur des gros cailloux.‭ ‬Cela me rappelle l’Echappée Belle.‭ ‬J’ai du mal à trouver la bonne trajectoire et perd du temps et de l’énergie.‭ ‬Quelques coureurs me doublent et je me retrouve seul.

Enfin à‭ ‬4h50‭ ‬du matin,‭ ‬je suis au sommet,‭ ‬j’attaque la descente de‭ ‬1 189‭ ‬D-‭ ‬sur un peu moins de‭ ‬10‭ ‬km,‭ ‬du moins j’essaye de descendre car avec les gros blocs de pierre,‭ ‬je suis très prudent pour ménager mes chevilles.‭ ‬J’arrive au dernier pointage la Flégère.‭ ‬Je bois un coca et me lance dans la descente qui est une piste de ski.‭ ‬Enfin,‭ ‬je peux courir et redouble des coureurs.‭ ‬Malheureusement le tracé passe dans un bois avec plein de racines et je dois redoubler de prudence.‭ ‬Mais enfin,‭ ‬je vois les lumières de Chamonix et le soleil qui commence à sortir.‭ ‬Après mes‭ ‬2‭ ‬couchés de soleil voici mes‭ ‬2‭ ‬levés du jour‭…

Je franchis la passerelle et me retrouve dans les rues de Chamonix.‭ ‬Malgré l’heure matinale‭ ‬7h,‭ ‬chaque personne rencontrée encouragent les coureurs.‭ ‬Je savoure ce moment de la dernière ligne droite.‭ ‬Et me voilà finisher de l’UTMB.
En résumé,‭ ‬je n’ai pas souffert physiquement car ma vitesse est faible‭ ‬4.63‭ ‬km/H de moyenne mais il faut être endurant.‭ ‬J’ai eu un coup de mou à partir du Grand col Ferret et un coup de fatigue‭ (‬sommeil‭) ‬à Giete après‭ ‬137‭ ‬km et‭ ‬27‭ ‬h de course.‭ ‬Je ne me suis jamais ennuyé car le paysage est magnifique,‭ ‬même la nuit je pouvais voir le ciel avec les étoiles ou écouter les sons.‭ ‬J’ai discuté avec des coureurs mais à l’UTMB il faut maitriser l’anglais car‭ ‬50‭ ‬%‭ ‬des participants sont étrangers.‭

Je tiens à remercier toutes les personnes qui m’ont envoyé des messages,‭ ‬les supporters qui étaient à Cham et plus particulièrement Ludo‭ ‬pour son assistance,‭ ‬je finirai par Baptiste car sans la formation de notre groupe,‭ ‬je ne suis pas sûr que j’aurai pu vivre cette expérience.

J’espère que ce récit donnera envie à des JCPiens de venir vivre ce tour du Mont Blanc.

Jean-Marie

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