Avant 50 ans je gérais ma forme, maintenant je gère mes blessures mais le grand moment est arrivé, le marathon du Mont blanc et ses incertitudes. La semaine fut pâte et Malto au point que rien que d’y penser, j’ai des hauts le cœur, saturé le Philippe !
Quid du temps ? quid de ma forme ? quid de la
difficulté ?
En plus, cette année, c’est le championnat du monde de sky
running avec tous les grands et en particulier Kilian Jornet donc
pression ! (y avait bien Dawa Sherpa, mais il signait juste des
autographes à la boutique Quechua du centre-ville)
Samedi après-midi, me voilà dans Chamonix à la recherche de
mon dossard, il fait beau, des nuages coiffent de temps en temps l’aiguille du
midi et c’est bourré de monde.
Je croise des coureurs avec des médailles autour du cou, et
me dirige vers le salon du trail et la tente de l’organisation. C’est rodé et
super bien organisé (sauf sur le 80 ou il y a eu un souci d’eau sur les ravito
à priori)
Je présente ma carte d’identité et je reçois le sac avec mes
puces (2) et mon dossard, drapeau Français et prénom. Là, la bénévole me
dit que le parcours sera modifié du fait de l’alerte météo et que je recevrai
un sms pour le confirmer. Il fait tellement beau, j’ai peine à y croire. Je
retourne à l’hôtel et prépare méticuleusement mon sac, gel, barre, eau avec
potion magique (Isostar) et vêtement pour le lendemain.
Après un dernier plat de pâte (beurk) et le sms me
confirmant le changement de parcours, dodo, avec un réveil vers 2h du
matin du fait des trombes d’eau qui tombent sur les toits en tôle. Ça promet
pour la course.
5h30, debout, il pleut toujours, mais ça à l’air de se
calmer un peu. Je retrouve 3 coureurs qui logent au même endroit et nous
partons sur Chamonix centre et la ligne de départ. La pluie cesse presque et le briefing d’avant course a lieu. Il fait frais, j’ai ma veste déperlante et les
gants en soie. Je suis au fond de la place loin des élites, nous sommes 2500,
ça fait du monde pour un village. La pluie reprend de plus belle et nous
partons sous un déluge qui va nous accompagner jusqu’à midi. Le départ est
sympa au milieu de le rue centrale de Cham et nous empruntons ensuite une route
forestière ressemblant plus à un marécage qu’à autre chose.
Les 18 premiers
kilo sont assez roulants et peu intéressants, ils longent la route et
empruntent de temps à autre des singles avec de gros bouchons, je suis déçu du
début du parcours. Je suis parti prudemment et loin donc, je remonte et vais
passer mon temps à doubler tout au long de la course, c’est bon pour le moral.
Arrivé à Vallorcine en 2h, je suis à peu près sur mon plan
de course, je suis plutôt bien et surtout content d’attaquer la cote et la
montagne, il pleut toujours. La montée au col des Posettes est très raide et les
bâtons sont de sortie, le sommet est dans le brouillard, aucune vue, j’ai
froid, malgré les gants je sens le métal des bâtons et avec le vent qui
souffle, c’est glacial. Autour de moi, il y a des coureurs en tee shirt, j’ai
froid pour eux. Commence une longue descente sur le village de Tour , je ne
pense plus à la pluie, je suis tellement trempé que je ne sais pas si c’est la
transpiration ou la pluie, pas grave, le reste va pas mal, je gère ma douleur à
l’inguinal en me décontractant au maximum.
A partir de Tré le champ, cela remonte, il reste 13
kilomètres, mais ce sont les plus durs, je vais croiser un nombre important de
coureurs à la peine à partir de là.
Je suis en mode robot, le cerveau est
éteint, il n’y a que les jambes qui fonctionnent. Je me surveille pour ne pas
me laisser endormir par le rythme des autres coureurs et me force à les doubler
pour garder ma cadence. Dans ma tête j’ai partagé ma course en 4 parties afin
de mieux la maitriser moralement, je tiens le bon bout, je suis sur le morceau
numéro 4. Au milieu de cette
partie, il y a une descente terrible dans la boue, l’eau, des racines et des
cailloux, pour moi, ce fut le moment le plus difficile de la course, super
dangereux !
Après le dernier mur de la Flégère, la descente sur
Chamonix, 6km très longs et épuisants, c’est à ce moment-là que j’ai dû doubler
Bruno, au ravitaillement du sommet je ne me suis pas arrêté. Enfin les
faubourgs de Chamonix, tout au long de la course, il y a eu du monde pour
soutenir, encourager, des bandas (la même qu’à l’Ardéchois) une très belle
ambiance, mais à côté de l’arrivée, ce n’est rien.
Pendant 500 mètres, j’ai
traversé une foule comme au tour de France qui crie dans toute les langues "allez
Philippe", "let’s go", "you can do it ", (le
prénom sur le dossard aide bien), j’avais les poils des bras hérissés, une
énorme émotion avec Aurélie qui m’attendait patiemment à 100 m de l’arrivée, il
faut le vivre une fois, j’étais une star !! Bon revenons sur terre,
je suis juste 680ème, en 5h44 loin derrière le 3h30 de Jornet.
Rien que pour l’arrivée, à faire et refaire, sinon, dommage
de ne rien avoir vu du paysage, le temps a gâché ce plaisir mais m’a offert la
plus belle des arrivées.
Il me reste une tête pleine de souvenirs et d’émotions, une
pensée énorme pour mon père, lui qui a escaladé ce sommet pour ses 60 ans, je
suis sur qu’il m’a accompagné tout au long de la course et enfin une belle
médaille que je vais garder précieusement.
Philippe C
bravo, bravo ....à vous 2 il faut vraiment être fou pour se lancer dans ce type de course avec des conditions météo comme cela .
RépondreSupprimerDans ce club vous aimez tous l'eau , quand on voit les coureurs de dimanche à l'Urban trail puis vous au marathon du Mont Blanc je pense qu'il va falloir recruter un psy au JCP ;
Bonne récup à vous 2
Didier
Très joli récit empreint d'émotions. En attendant tes 60 ans, il te reste le temps de rejoindre le camp des courageux pour les prochaines années et venir t'amuser aux trail des spahis pour les 9 prochaines éditions !!
RépondreSupprimerBravo, très joli récit, il fallait en vouloir pour affronter le parcours avec cette météo - Franchement encore un grand bravo à tous les deux et maintenant bonne récupération
RépondreSupprimerBravo à vous deux, la course n'a pas été simple compte tenu de la météo, et vous la bouclez dans un temps canon.
RépondreSupprimerChapeau bas.
Bonne récup. et à bientôt.
Dommage qu'avec la météo vous n'ayez pas pu faire l'aiguillette des Posettes ni l'arrivée sur Planpraz, mais la ferveur de la fin à Cham a du compenser un peu.
RépondreSupprimerUn grand bravo avec ces conditions.
BRAVO à tous les 2., c'est un bel exploit, une belle course qui a dûe être difficile. un GRAND RESPECT, VOUS ETES DES CHAMPIONS.
RépondreSupprimerTrès beau récit et bonne récupération et à ce soir peût-être
un beau recit , une belle course ,il ne manquait que le soleil.
RépondreSupprimerbravo a tous les deux , bonne recup et a bientot