5h00 le départ est donné et là me vient naturellement la question : « mais bordel ! Qu'est ce que je fous là ??? »
Il fait froid ; il fait nuit et ça part plutôt vite. Pas de grosse difficulté sur le départ quelques faux plats montants et des bois humides. Pas de problèmes jusqu’ici, si bien qu’on arrive à Autans ou se tient le premier ravito et les premières difficultés avec pour commencer la montée du tremplin jalonné de flambeaux ainsi que le son du gars qui joue de la cornemuse au sommet. Super ambiance avant d’attaquer la vraie difficulté avec la première bosse menant au pas de bellecombe (1636m) ou nous sommes accueillis par le levé du jour. Je m’arrête pour ranger ma frontale en admirant les magnifiques sommets que je vais surement devoir grimper plus tard. Ça redescends plutôt raide vers St Nizier du Moucherotte et là j’avance plus ; mes jambes sont dures j’ai la nausée et je me rends compte qu’avec le froid j’ai bu très peu mais transpiré beaucoup. J’arrive quand même jusqu’au ravito au plus mal et je trouve enfin Mathieu et Sébastien. Je suis à moitié déshydraté et prêt à abandonner alors que j’ai à peine fait 20 bornes. Mathieu me dit de continuer que ça va passer. Je repars avant eux (ils aiment se beurrer les jambes avec du miel).
C’est le tour du deuxième tremplin ; vestige des JO de 1968 ; plus haut et plus raide que le premier mais bon c’est des escaliers ça passe. Dans la descente je souffre, Sébastien et Mathieu me double je suis blanc comme un linge mais je continue à boire en attaquant la montée du Moucherotte. Ça va mieux je rattrape mes deux compères à mi-chemin ou l’on fait une pause pour jouir de la vue sur Grenoble et le Mont Blanc.
Arrivée au sommet (1901m) la vue est à couper le souffle et le passage en crête vertigineux me redonne une nouvelle énergie et un max de plaisir. La descente est agréable au début car plutôt humide les singles sont souples mais ils laissent place rapidement aux sentiers ressemblant plus à des pierriers abruptes. Ça commence à faire mal aux cuisses et les derniers kilomètres avant le ravito de Lans en Vercors sont interminables. Nous arrivons enfin au ravito et faisant une grosse pause pour se changer (l’organisation avait mis en place des sacs de délestage pour la mi-course ; j’ai trouvé ça génial mais m’en suis pas servi pour un tee short et une paire de chaussette). Après avoir récupéré, réparé les bobos et appelé ma maman pour son anniversaire, on repart doucement vers la partie la plus technique et la plus éprouvante du voyage. Une belle montée droit dans la pente et une vielle douleur ressurgit dans ma hanche (la même qu’au Ventoux) je souffre je change de technique avec mes bâtons et des coups je la sens moins …ouf !
On arrive à Roybon ou un ravito flotte obligatoire a été mis en place surement à cause de la météo (magnifique soleil) et de la difficulté à venir. On nous annonce 3h30 sans ravito, du dénivelé et pas d’ombre. On se rempli un maximum l’estomac ainsi que les gourdes. Ma montre sonne : petit message d’encouragement de Jenni …au bon moment ! Ils n’avaient pas tort on grimpe des pierriers arides interminables au son des marmottes et au doux fumet de la bouse de vache bien fraiche. Sébastien accusent le coup ça devient dur; on se détache un peu on avance bien avec Mathieu. Le paysage est lunaire et impressionnant : c’est beau ! Le chemin semble interminable, une suite de bosses, de replats et pas loin des téléphériques Mathieu et Sébastien sont rejoints par leurs femmes ou ils s’organisent un petit ravitaillement improvisé. Je taxe un peu d’eau et je pars devant pour rester dans la bonne spirale dans laquelle je me trouve (c’est là que nos routes se sont séparées)
C’est plus du trail c'est de l’escalade ! Du rocher découpés par l’érosion j’ai du mal à sauter de l’un a l’autre en gardant l’équilibre. J’aperçois le plus gros de la bosse et je me dit que le gars à Roybon y s' est bien foutu de notre gueule en parlant de 600 m de dénivelé. On arrive quand même au col des 2 sœurs (2056m) et profite malgré tout d’une superbe vue sur le lac de Monteynard. La descente se fait par les pistes de ski tout en caillasse et bien raide. J’en chie mais je sais que je me dirige vers l’avant dernier ravito donc je ne relâche pas je cours bien. Sauf que le chemin ne descend pas directement à Correncon. Ça part dans un single rendu glissant par tout le passage de la journée et cerise sur le gâteau une falaise à descendre avec des cordes avec une vue imprenable sur le ravito. Je glisse je tombe et je m’encastre un rocher sur la partie la plus charnue de mon individu (j’ai bien maigris mais ça va il me reste un airbag)
Je boite et j’arrive au ravito. Soupe de vermicelle à volonté et stand de crêpe … génial mais le sac devient très lourd pourtant c’est le même que ce matin ! je suis à 66 km c’est le point de non-retour je lâche rien ! Les 10 km pour arriver à Villard sont un vrai supplice ; une suite de bosses, des vraies montagnes russes. Pour couronner le tout je m’encastre le pied dans un rocher caché dans les herbes et c’est la chute. Me suis bien éclaté et mon doigt de pied me le fait bien sentir. S’ensuit une visite de Villard avec un passage par la piste de luge. C’est marrant mais je prie pour qu’arrive enfin le ravito. Là c’est compliqué j’ai des tremblements et j’ai du mal à repartir surtout qu’une grosse bosse bien raide me sépare de l’arrivée (sommet de Meillarot 1361m). Je me recadre et me force à repartir. La bosse arrive et je grimpe plutôt bien …étonnant ! Je compte les derniers 10 km et au milieu de la montée ma montre résonne : message d’encouragement de Sylvain. Rebooster je fini la grimpette et je cours bien et commence à entendre dans la vallée la clameur de l’arrivée. Obligé de ressortir la frontale pour les 4 derniers kilos pfffff !! La descente est facile mais mes genoux vont exploser … rien à cirer je cours on verra bien ! Je termine même en sprint dans le dernier faux plat montant tellement je suis heureux d’arriver et porté par les encouragements de la foule ! Je termine en 15h39 et 111 sur 200 arrivants (270 aux départs)
Je pars prendre une douche et ranger mon super verre à bière gravé finisher de l UTV et j’attends Seb et Mathieu qui arriveront une petite heure plus tard.
Je les remercie car on a partagé une grosse partie de la course ensemble et peut être j’aurai abandonné tôt au début de la course sans eux.
Maintenant j’ai trop ouvert ma bouche comme d’habitude j’ai plu qu’à m’inscrire pour le TDS (ou la CCC faut pas exagérer non plus) Merci à ceux qui m’ont conseillé et encourager c’est surement grâce à ça que j’ai pu réussir BISOUS
Stéphane
Qui l'eut cru en juin 2017 quand je t'ai ramené au JCP et que tu n'aimais pas courir da,s les cailloux ??!!... Bravo !!! Tu dois avoir les points reste un tirage au sort heureux et la TDS est pour toi !!
RépondreSupprimerOn peut dire que c'zst une sacré progression !!!!
RépondreSupprimerencore bravo.
Bravo pour ta course et pour ton récit. C'est toujours sympa de connaitre les sensations du coureur pendant la course ; surtout quand c'est le 1er Ultra. En 2019, il risque d'avoir du monde à Chamonix !
RépondreSupprimerOn ne s'entraîne plus au JCP, plus de fotos de vos entraînements ?
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