jeudi 27 février 2020

Ultra tour des côtes d'Armor

Ultra Tour des Côtes d'Armor à Lannion (22) le 23 février 2020, 79,5 km.

Sans surprise, un temps très maussade, gris, venteux et humide pour ma première participation à l'UTCA avec mon dossard n°131.  Deux nuits blanches ou presque (le stress ?) ont peut-être compromis, avec la fatigue des 1000km de route de la Drôme à la Bretagne, le succès de mon épreuve avant même les premières foulées ! Le départ s'est opéré à 8h00 dans le hall de la salle des Ursulines à Lannion, et je me suis trouvé bêtement au fond du sas et du peloton quand les fauves ont été lâchés.  Un peu vexé de la chose, un rien m'offusque, je me suis attelé à remonter sans attendre la horde des 300 coureurs.  De Lannion à la côte, le tracé sillonnait la campagne armoricaine trempée des pluies fréquentes arrosant la région depuis décembre dernier, au grand dam des habitants ! Petites routes tranquilles, chemins de terre boueux et sentiers trempés dans les champs et forêts ont donc consommé sans réserve mon enthousiasme débordant...  Le premier tronçon a donc été avalé un peu vite, avec quelques kilomètres croqués à 12 km/h de moyenne, ce qui m'a permis de dépasser pas mal de touristes coureurs !  Juste ce qu'il fallait pour parvenir déjà bien entamé sur la côte à Perros Guirec, là où un vent puissant, fort, tenace et contraire nous accompagnera tout du long et tout de face sans faiblir (lui...).
Après la plage de Trestignel, puis la plage de Trestraou à Perros Guirec, les premières côtes ont sonné le glas de ma forme passée rapidement du stade olympique au stade "Sauve qui peut" et jeté à l'eau mes illusions de garder un rythme honnête sur tout le circuit. La fatigue soudaine et traîtresse a pris le commandement vers le km 20 et j'ai alors enclenché le mode alternatif "course - marche " pour sauver ce qui pouvait l'être !  Dans ce contexte, j'avoue avoir peu profité des plus beaux sites de la côte de Granit Rose (enfin plutôt gris avec ce ciel pourri) à Ploumanac'h, avant et après la fameuse plage de Saint Guirec sur le Sentier des Douaniers. Inévitablement, j'ai vu les concurrents me dépasser sans scrupules, me repoussant sans vergogne dans la profondeur du classement.  Plus de jambes, plus de souffle, un ventre récalcitrant, bon, ce ne fut pas la joie.

Cette substantielle baisse de forme eut le principal inconvénient d'ôter le plaisir de progresser sur une côte magnifique, balayée par un vent à plus de 60 km/h omniprésent et de face.  Et j'avoue avoir été moins sensible à la beauté des lieux qu'à la préoccupation permanente de mettre un pied devant l'autre pour avancer un peu plus vite que l'escargot de mer.  Heureusement, le mental est resté intact, attendant le retour de la forme.  Les chemins côtiers sont sublimes, tantôt sur les plages, tantôt sur les berges rocheuses, conduisant de criques en anses, de ports en villages. Le ciel lourd de nuages bas ou le crachin apportent une palette de couleurs graves dans cette frontière entre terre et mer.
Photo de l'organisation
Ploumanac'h, Sainte Anne, Trégastel, Le Golven, Landrellec défilent au bord de l'eau avant une incursion du km 38 au km 43 dans les terres.  L'occasion de bavarder en marchant et en montée avec un randonneur parti en pélerinage breton chargé comme une bourrique en autonomie complète !  Le tour de l'Ile Grande est délicat pour le moral.  Le pont d'accès unique vous fait croiser les concurrents devant vous : quand vous les voyez, vous savez qu'ils ont 7 km d'avance sur vous, vous êtes au km 45 et eux au km 52.  Mais il y a une justice : après, c'est à vous d'apprécier cette joie à l'égard des suivants à qui vous adressez un regard compatissant !!!  Après l'Ile Grande, nouvelle incursion dans les terres du km 54 au km 57, sur des chemins boueux gorgés d'eau, mais aussi à travers un joli marais que l'on survole sur un long cheminement en passerelles de bois et où l'on s'attend de voir surgir des elfes... 

Retour au bord de la mer à Trébeurden et sa grande marina au km 59, et les sensations reviennent un peu.  Une bosse rocheuse sur un îlot escarpé me le confirme : j'avance mieux et sans grogner.  Le ravito au km 60 marque le début du retour de forme.  Remarquez, je ne risque pas de grossir aux ravitaillements spartiates de l'UTCA : eau, Coca Cola (yesss !), un peu de fruits secs, quelques rondelles de saucisson, des Tuc et des quartiers d'orange, et c'est tout.  De fait, j'ai fait toute la course au Coca et aux oranges.  Km 60, cela sonne bien : plus que 20 km.  Après la grande plage de Trébeurden, nous attaquons (ou nous subissons ?) la seconde tranche de dénivelé du tracé débutant avec la Corniche de Pors Malo.  Le moral est bon et la tête est à l'attaque pour remonter dans le classement.  La foulée demeure lourde, mais moins que celle de certains autres concurrents, même si la progression en accordéon reste de vigueur, les passages de bien et de mou se succédant au gré des bosses. 

L'approche de Beg Léguer par les collines surplombant la mer est magnifique, mais cet endroit annonce surtout l'embouchure de la rivière Le Léguer et l'amorce de la fin avec Lannion au bout !  Descente sur la berge, dernier ravito au km 69 sous un crachin désormais bien installé, un peu de plat sur un chemin de halage et, hop, au km 70, nouvelle ascension brutale à Poull Du dans un sentier (non, un bourbier saintélyonnesque) pour retrouver les hauteurs et un circuit de montagnes russes.  Je lutte depuis près de 10 km contre l'apparition de crampes menaçantes et je prie que l'épreuve de l'ascension des 138 marches des escaliers réputés du quartier de Brélevenez ne sonne le glas de mes espoirs de finir correctement à quelques encablures de la ligne.  Je sauve les meubles comme je peux, je passe, je dépasse, cela sent bon l'écurie. Une dernière bosse à grimper et hop je m'engouffre dans la salle des Ursulines à Lannion au km 79.  Libération après 9h19'40" et explosion subite des crampes aux jambes, une première dans toute ma carrière !  Aie aie aie...

Je pensais être dans les 150, aussi fus-je agréablement surpris de me voir 91ème sur 295 partants et 244 arrivants, dans le premier tiers, certes loin du 1er (en 5h50) et des deux suivants du podium en 6h25.

Fin d'une nouvelle aventure bretonne pleine de belles émotions et de paysages puissants, avec un léger goût d'amer pour la performance au regard de la forme durant toute ma période d'entraînement.  La prochaine fois, j'éviterai l'erreur du débutant partant fougueusement et sans réfléchir dans le vent du panache blanc de mon fier destrier !!!
Patrick

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