29 octobre. 13h00. Me voici avec Sébastien et Michaël en partance pour Lalouvesc en Ardèche pour aller nous mesurer au trail des Sapins dans sa version "L'Infernale".
J'angoisse un peu cette course parce que, après une session covid qui m'avait bien mis à plat, je n'ai fait qu'une sortie mardi dernier, et j'ai eu une douleur à la hanche qui n'a disparu qu'hier.
14h35. Arrivés sur place, nous avons la chance de trouver une place de parking à 200m du départ et nous allons tout d'abord récupérer nos dossards.
Nous retrouvons notre quatrième camarade Maître Patrick qui est monté avec son van parce qu'il a prévu de dormir sur place cette nuit. Très bonne idée, il n'aura pas à rouler 1h30 sur les routes très sinueuses de l'Ardèche à minuit.
Petite discussion avec l'organisateur qui a tracé les parcours. Il nous dit que cette année, l'Infernale est plus facile. Juste 48 km et 1950 m de dénivelé positif. Facile...on en reparlera...
Sac de trail chargé de l'indispensable sur le dos, je me présente au départ avec les traditionnelles musiques entraînantes pour nous motiver. Il fait 23°C, je ne pourrai pas tester le coupe-vent que j'ai acheté pour la Saintélyon.
15h30. Le départ est donné pour les 123 participants et c'est parti pour l'aventure. Je n'ai encore jamais parcouru une telle distance avec un aussi grand dénivelé.
Je commence par une descente de 2 km avant un petit coup de cul d'un km entre 6 et 19%, puis nouvelle descente avant une autre montée plus raisonnable. Ensuite, c'est une longue descente jusqu'à Vaudevant et Saint Félicien après laquelle je trouve le premier ravito au 17ème, installé dans la cour d'une grande maison. Un coq se balade parmi les concurrents et les bénévoles sont très accueillants. J'ai oublié de vous dire : Sébastien, Michaël et Patrick sont déjà loin, voire très loin devant...
Après avoir mangé quelques biscuits et autres carburants sucrés et salés et avoir refait le plein de ma poche à eau, je repars sur une nouvelle descente d'un km avant d'attaquer la première des trois longues montées avec quelques passages à 20%.
26ème, deuxième ravito qu'on nous avait présenté comme allégé. En fait, on retrouve bien du solide et du liquide. Comme il me reste suffisamment d'eau, je ne m'arrête que quelques minutes puis repars pour les 4 derniers km de cette première montée. Mes jambes commencent à tirer mais ça reste gérable.
J'attaque ensuite une descente de 4 km assez technique, jusqu'à 23% de pente, avec un chemin sous les bois recouvert de feuilles qui cachent de très nombreux cailloux, très mauvais pour les chevilles. D'ailleurs, je me tors la cheville droite à deux reprises, alors, je ralentis l'allure. Ça serait quand même dommage de se faire une entorse maintenant.
Une légère remontée et j'arrive au 3ème ravito au 36ème km à Pailharès. J'en suis au stade où je n'ai absolument pas faim. Je sais que je devrais manger quelque chose, alors j'essaie un TUC mais j'ai beaucoup de difficultés à l'avaler. Alors, je refais le plein de la poche à eau et, après avoir quand même bu de l'eau gazeuse, j'entame la deuxième montée de 4 km avec une pente jusqu'à 25% jusqu'au col du Faux à 1021m d'altitude. Ça fait longtemps que j'ai perdu la notion du temps. Il fait nuit, il n'y a aucun point de repère, je ne sais pas du tout où je suis, et je ne sais même pas s'il est 20h00 ou 23h00. Je ne veux pas regarder ma montre, j'ai peur de savoir qu'en fait, je me traîne. J'avance en mode automatique, tout en essayant de rester concentré sur l'endroit où je pose les pieds et aussi sur le balisage. A un moment, alors que je trottinais, tout à coup j'ai entendu un ululement pas très loin derrière moi. J'ai sursauté avant de me rendre compte qu'il ne s'agissait que d'un hibou. C'est impressionnant comme les bruits sont amplifiés dans la nuit, seul au fond des bois.
Nouvelle descente jusqu'au quatrième et dernier ravito dans une ancienne grange transformée en salle des fêtes avec boule à facettes. La déco est très sympa et les bénévoles tout aussi gentils.
Je ne peux rien avaler à part de l'eau. J'ai mal partout, mes jambes ne veulent plus me porter, je ne sens plus mes genoux et je n'ai qu'une envie, m'asseoir sur la chaise qui me tend les bras juste à côté de l'entrée. Mais je sais que, si je cède, je ne pourrai pas repartir. Je consulte ma montre qui m'indique 42,4 km et 1596 m de D+. Il ne me reste plus que 6 km et 300 m de D+, je ne dois pas flancher si près du but.
Alors, je me remets sur le circuit, en suivant un groupe de quatre participants qui m'avaient rejoint juste avant le ravito. Je m'accroche derrière eux le plus possible, mais ils me sèment rapidement dans la dernière montée jusqu'au 46ème km. De toute façon, je suis incapable de courir, alors je marche aussi vite que mes jambes me le permettent. J'arrive à trottiner sur 300 ou 400 m de plat puis je prends la dernière descente jusqu'au village de Lalouvesc. Mes genoux me font un mal de chien, j'ai l'impression d'avoir pris 20 ans. De loin, j'entends la musique de la ligne d'arrivée qui n'est plus qu'à 2 km. Ça motive.
Dans le village, je me remets à courir (doucement) et, à 300 m de l'arrivée, Sébastien et Michaël m'attendent et m'encouragent en m'accompagnant sur la dernière ligne droite en faux plat montant. Sans eux, je n'aurait pas pu faire cette montée en courant.
Je franchis la ligne en 7:47:56, 105ème sur 116 finishers. Mon objectif, qui était d'arriver au bout, est réalisé. J'en ai beaucoup bavé, sans doute parce que je n'étais pas complètement remis du covid, mais j'ai néanmoins fini. J'espère que j'aurai totalement récupéré pour la Saintélyon, sinon, ça va être l'enfer...
Je peux alors aller prendre une douche régénérante (fraîche mais bienvenue) avant d'aller déguster le repas ardéchois avec Patrick qui m'avait attendu, et Sébastien et Michaël qui sont rentrés au chaud sous la tente qui abrite la salle à manger.
Un grand coup de chapeau aux organisateurs et aux bénévoles pour la gentillesse de leur accueil et la qualité exemplaire du balisage. Je craignais en effet de me perdre en route, mais je n'ai eu aucune difficulté à trouver le chemin.
Jacques
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