Ça fait des semaines qu'on s'entraîne, multipliant les km parcourus, le dénivelé, et bien sûr les séances de fractionné concoctées par Alexis.
Et enfin, c'est le grand jour. Nous voilà partis ce samedi 3 décembre vers Lyon pour récupérer nos dossards de la fameuse SaintéLyon. Stéphane ne se contentera pas du dossard puisqu'il va partir à 09h00 de cette même ville pour rallier dans un premier temps Saint-Etienne puis, après un temps de repos, repartir vers Lyon.
16h00, nous entrons dans la halle Tony Garnier et nous passons dans un premier temps devant d'innombrables stands vantant chacun un produit miracle pour la course à pied (chaussures, vêtements, boissons, gels, barres de céréales, et même de la sève de bouleau...) et nous nous dirigeons vers la file d'attente des dossards. Elle est longue, cette file, environ une heure et demie d'attente.
Surgit alors une femme de l'organisation, armée d'un mégaphone, qui demande si, parmi les personnes présentes, quelqu'un est né le 3 décembre ? Personne. Alors le 4 décembre ? Personne non plus. Alors le 1er mai, le 8 mai, le 14 juillet ? Toujours pas. Le 24 décembre ? Et c'est Patrick qui lève la main. Et on apprend alors que Patrick, notre maître à tous, vient de gagner le droit de passer en priorité au retrait des dossards. Et, comme nous sommes avec lui, nous bénéficions également de ce privilège. Du coup, en moins de dix minutes, tout le groupe a récupéré son enveloppe.
Reste ensuite à aller payer la navette pour Saint-Etienne, mais là la queue est beaucoup moins importante et nous passons finalement assez vite.
Vient le moment de nous séparer en fonction de notre point de départ et nous faisons de nouveau la queue pour monter dans les navettes. Le trajet n'est pas très long (une heure quand même), mais j'en profite pour fermer les yeux et tenter de prendre un petit repos. Le trajet se fait sous la pluie.
A Saint-Etienne, nouvelle queue pour la pasta party. Au menu, pâtes bien sûr avec sauce bolognaise ou aux oignons, pain, chocolat noir, pâte de fruits, mandarine et banane (bon pour le magnésium vous dira Fabien).
Repas terminé, il ne reste plus qu'à attendre l'heure du départ. On s'installe comme on peut, assis ou couché, avec ou sans tapis ou duvet selon l'expérience.
Stéphane nous rejoint après avoir fini la première partie de sa course. Il n'est pas très optimiste pour la suite. Sabine et Mathieu nous rejoignent également, puis vient l'heure de se mettre sur la ligne de départ. Avec Sébastien, j'ai la chance de bénéficier du sas performance solo (encore merci Michaël) et donc nous nous trouvons juste derrière les élites et les concurrents de la LyonSaintéLyon. Quelques flocons de neige tombent, mais sans conséquence. Le départ prend du retard parce que toutes les coupures de circulation ne sont pas encore mises en place. Finalement, à 23h43, le signal est donné aux élites, puis vient notre tour à 23h55. Fabien, Patrick, Florian et Michael partiront quant à eux dans le dernier sas à 23h30.
La course commence par quelques kilomètres de plat sur bitume dans la ville, puis on attaque les chemins avec une petite montée. Il pleut mais c'est plus de la bruine, donc c'est pas gênant. Il n'y a pas de difficulté majeure sur la portion qui va jusqu'au premier ravito à Saint-Christo-en-Jarez, sauf une première côte de 4 km plus pentue, jusqu'à 20 %. Il y a même un bouchon qui se forme juste avant une descente sur un chemin assez étroit et qui est un peu boueux.
Premier ravito au km 17, en plein air, énormément de monde, il est difficile d'approcher les tables. Par contre, il y a abondance en sucré, en salé, en boissons chaudes ou froides. J'ai faim mais je me contente de parts de quatre-quart et de pâte de fruits, le tout arrosé de Saint-Yorre. Je m'aperçois qu'il ne faut pas que je m'arrête trop longtemps parce que je ressens rapidement le froid qui m'envahit. Alors, je repars direction le deuxième ravito à Sainte-Catherine. Il pleut toujours, plus fort par moments, nous traversons des nappes de brouillard. Avec mes lunettes, c'est vraiment pas top sous la pluie, mais avec le brouillard, c'est encore pire parce que je n'arrive pas à savoir si c'est vraiment du brouillard ou si mes lunettes sont très sales. Je sais juste que la frontale a du mal à éclairer le chemin et je dois redoubler de vigilance sur l'endroit où je pose les pieds. Je ne l'ai pas encore dit, mais sur quasiment toute la partie non bitumée du parcours, il y a de la gadoue, beaucoup de gadoue, énormément de gadoue. A se demander s'ils ne l'ont pas fait venir par camions entiers. Le sol est très humide et l'épaisseur de gadoue atteint parfois bien cinq centimètres. Ça glisse dans les montées, ça glisse encore plus dans les descentes, les pieds partent dans la direction qu'ils veulent en des dérapages non contrôlés. En plus, il est difficile à certains endroit de savoir si on a affaire à une épaisseur de boue ou s'il y a une pierre cachée dessous, alors c'est compliqué.
Après une succession de montées et descentes, j'arrive à Sainte-Catherine, là où le dicton dit qu'il ne faut pas prendre racine. Je confirme... J'ai froid aux mains parce que mes gants sont trempés. Heureusement, Patrick me rejoint à ce ravito et, avec sa gentillesse coutumière, récupère ma paire de gants de rechange qui se trouve dans une poche arrière de mon sac. Le froid me tombe dessus, je commence à grelotter et je ne me sentais pas le courage de tomber la sac pour récupérer mes gants. Merci Patrick. Sabine et Mathieu arrivent également au ravito. Ils me doubleront quelques minutes plus tard dans la montée.
J'écourte ma présence au ravito qui est aussi bien achalandé que le premier, et je repars direction Saint-Genou. Je vois sur ma droite une file de bus stationnés, moteur en marche, avec dedans déjà quelques abandons. Allez, c'est pas le moment d'y penser, à part le froid, je me sens bien, donc je continue. Je me réchauffe assez rapidement d'ailleurs en courant et j'en viens à me demander si c'est le froid ou l'humidité qui pose problème. Sans doute le cumul des deux. Nouvelle succession de montées et descentes (toujours dans la boue), puis on arrive devant un mur au km 36 : 1 km avec une pente à plus de 39 %. Avec un sol boueux, je vous laisse imaginer ce que ça peut donner. Ensuite, une longue descente et une petite remontée nous amène au troisième ravito au km 44. En principe, il n'y a que des boissons, mais on trouve quand même du solide. J'en profite pour refaire le plein de ma poche à eau, mange quelques morceaux de mandarine et je repars parce que le froid tombe à nouveau.
Environ 30 minutes plus tard, le jour commence à se lever et dans quelques temps, je pourrai éteindre la frontale. Je suis content, je n'ai pas eu à changer la batterie. Pour aller jusqu'à Soucieu-en-Jarrest, c'est une très longue descente jusqu'au km 55, avec juste quelques bosses, mais pas de difficulté majeure. Par contre, depuis ma sortie de Saint-Genou, est-ce une coïncidence, en tout cas mes propres genoux commencent à me lâcher. Tous ces dérapages dans la boue se sont reportés dans les genoux. Mais bon, ça reste supportable et j'arrive même à accélérer un peu. Ce quatrième ravito au km 55 se fait dans un gymnase chauffé (enfin un peu de chaleur). J'en profite pour me changer parce que je commence à avoir vraiment froid. J'avais prévu, et donc je change de t-shirt et je remplace mon coupe-vent par deux couches. Qu'est-ce que c'est agréable ! Je mange un peu, bois un peu, et c'est reparti en direction du dernier ravito à Chaponost. Mes douleurs aux genoux s'intensifient mais le chemin est en pente descendante plutôt douce. Je marche néanmoins beaucoup plus maintenant et je cours assez rarement.
Cinquième ravito à Chaponost au km 65, là aussi dans un gymnase chauffé. Ça donne envie de s'arrêter là. Mes genoux me font vraiment souffrir maintenant et s'ajoutent une contraction au niveau de l'omoplate gauche (trop crispé ?) et des douleurs dans les hanches et les chevilles. Je bois un coup et je repars tant bien que mal. Je n'arrive plus à courir. Il me reste 12 km à faire, alors je les ferai en marchant, tant pis. Je croise Fabien, Florian et Michaël qui arrivent au ravito.
A nouveau, le chemin est plutôt en descente, tout au moins jusqu'au chemin de Montray à Sainte-Foy-lès-Lyon, avec sur la gauche l’aqueduc romain. C'est une zone en bitume donc non glissante, mais j'ai l'impression que je n'arriverai jamais à la monter. Quelques centaines de mètres plus loin, 182 marches sont à descendre (si si je les ai comptées), une torture. Puis, on arrive à La Mulatière avec vue sur le musée des Confluences. La fin est proche et il ne reste plus qu'à franchir la Saône et le Rhône pour rejoindre la halle Tony Garnier, point d'arrivée, mais dont il faut faire d'abord le tour.
Comme il n'est pas question de franchir la ligne d'arrivée en marchant, je me remets à trottiner sur les 300 derniers mètres et je passe enfin l'arche en 14:12:59, avec un accueil triomphal de Morgane, des deux Stéphanie et de Véro. Merci à elles.
Direction les douches avec de l'eau chaude, ça fait un bien fou. Petit repas avec les copains et retour à la maison, la tête pleine de souvenirs.On m'avait dit que la SaintéLyon était une course mythique qu'il fallait avoir fait au moins une fois dans sa vie. Je ne sais pas si elle est mythique. Ce que je sais par contre, c'est que je suis allé au-delà de mes limites et que seul le mental m'a permis de finir. Rien que pour ça, c'est une expérience à vivre. En plus, nous l'avons fait en groupe et même si nous n'avons pas tous couru ensemble, c'était super sympa. Mais comme le disait Marie-Pierre Casey dans une pub, "je ferais pas ça tous les jours". Les moins jeunes comprendront 😉.
Jacques
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