jeudi 5 octobre 2023

Trail du petit St Bernard

Mon dieu que la montagne est belle…. 

Mais c’est comme avec les femmes, la beauté cache souvent un mauvais caractère et pour le coup la montagne était TRES BELLE. Authentique et sauvage, tel est le slogan du trail du petit Saint Bernard. Trail de haute montagne près de Bourg St Maurice à la frontière de l’Italie au sud du massif du Mont Blanc avec une organisation un peu spéciale puisque le départ des courses s’effectue aux Chapieux, une espèce de trou paumé situé à 20 km au-dessus du village sur la route du col du Cormet de Roselend bien connu des cyclistes pour sa route dégueulasse où y a à peine la place pour se croiser et clafi de nids de poules. Le rêve quoi ! Bien sûr, niveau organisation c’est bizarre puisqu’il faut récupérer son dossard au lieu-dit des Chapieux. Évidemment, la route est très fréquentée pour l’occasion et c’est le bordel. J’embarque une jolie auto-stoppeuse et le temps me parait moins long. Cécile et Philippe sont au retrait des dossards pour m’accueillir. L’endroit est magnifique et c’est un passage obligé de l' UTMB ainsi que la TDS. Philippe et Cécile dorment sur place puisqu’ils ont un véhicule aménagé en espérant que la nuit ne soit pas trop fraiche étant donné qu’on est quand même à 1600 m d’altitude; pour moi je préfère le confort et j’ai loué un appartement dans une résidence où l’hôte super sympa tient un restaurant où je me suis goinfré pour pas un rond, le seul inconvénient est de remonter aux Chapieux pour le départ à 6 h du matin.  
Ils ont annoncé un contrôle des sacs pour 5 h 30 mais vu la météo le contrôle sera juste visuel et superficiel pour rejoindre le sas de départ. Cécile nous accompagne pour les dernières photos et le départ est donné sans fioritures. 

On attaque sur du bitume quasiment sur 4 kilomètres en faux plat montant, déjà je marche pour éviter la surchauffe car il ne fait pas si froid que ça. J'ai quand même les gants et la frontale crache ses 1000 lumens pour voir les bergers au travail pour traire les troupeaux de vaches à cette heure. Première difficulté à partir du refuge des Mottets et de la ville des glaciers, le col de l’Ouillon où le lever du jour nous offre une vue imprenable sur l’aiguille des glaciers et une vision peu commune du Mont Blanc côté italien (j’ai eu du mal a le reconnaitre). 

Col de l'Ouillon

Aiguille des glaciers et Mont Blanc
On prend 1000 m d+ sur les 10 premiers kilomètres, donc ça grimpe méchamment quand même avec une belle finition sur un mur rocheux ouvrant une vue exceptionnelle sur le mont Pourri (beau glacier et adjacent aux arcs 2000 situé sur l’aiguille rouge à coté). La descente est agréable vers le premier ravito dans une plaine tapie de lichens et de troupeaux gardés par de gentils patous (rien à voir avec les nôtres…)
On se dirige vers la 2ème bosse par de la prairie sans difficulté et d’un coup se profile un mur énorme où l’on distingue les coureurs grimpants comme des fourmis sur le mur d’une terrasse. Le chemin a été dégagé par les bénévoles à coup de pioches pour faciliter le passage vers le col de Forclaz. 

Col de Forclaz
On a fait seulement 17 km et on accumule déjà 1600 m D+ avant une descente très souple vers le 2ème ravito situé à l’hospice du petit St Bernard. Je suis parti avec un haut à manche longue et je commence à bouillir, le soleil est bien présent, la journée va être chaude. J’enlève le superflu et je charge bien en eau car le prochain ravitaillement est donné au kilomètre 43 soit 21 kil et 1400 m de dénivelé plus tard. Je croise Cécile un peu plus loin sur le chemin et je suis content de pouvoir me débarrasser de quelques affaires.

On passe le col du petit Saint Bernard et la frontière italienne. On contourne le lac Verney et la grimpette commence sous un soleil de plomb. Ça devient compliqué pour moi mais aussi pas mal de monde. Heureusement on croise beaucoup de torrents et je m’abreuve copieusement dans chacun d’entre eux. Tout le monde m’imite évidemment, il fait super chaud. La plaine fluvio-glaciaire est un désert inhabité et très peu fréquentée. C’est une sorte de labyrinthe et je distingue enfin la fin de la montée par l’arrivée très pentue au col de Pointe Rousse …. Enfin je crois qu’il s’appelait comme ça mais j’étais plus trop lucide.

Col de Pointe Rousse
Je prends une pause pour manger un peu et ça me fera du bien. Le signaleur présent à ce point connait bien le parcours et nous indique que la montée au col de Bessa Serra est plutôt tranquille. On est à peine à la moitié du parcours et 2200 d+. D’après mes calculs il reste plus grand-chose à grimper étant donné que sur un total de 3500 moins les 2200 et les 500 mètres des 7 derniers kilomètres il reste 800 mètres de D+ jusqu’au point culminant de la course.
On traverse une plaine avec pas mal de passages à gué et la montée vers le col de Bessa Serra est tranquille. 

Col de Bessa Serra
Ça grimpe gentiment et j’arrive au col et ses ruines avec une vue magnifique sur le Mont Blanc. On passe un passage très engagé et technique garni de câbles et de cordes pour descendre dans le lit d’un ancien glacier. Évidemment c'est un immense pierrier où la prudence est de mise afin d’éviter de se faire une cheville. On chemine entre les torrents et petits lacs pour prendre un passage en balcons menant au passage le plus technique du parcours. Obligé de ranger les bâtons, c’est carrément une via ferrata et la chute potentiellement mortelle. Le passage est court et n’étant pas impressionnable j’apprécie ce petit passage. On arrive au col de Chavannes où la vue sur le Mont Blanc est exceptionnelle, on a l’impression de pouvoir le toucher. 

Col de Chavannes
On contourne un pic rocheux et je vois ce que je crois être le point culminant de la course, les ruines du mont Fortin. Erreur ! On suit un chemin en crête surplombant la vallée d’Aoste et le lac Combal et surprise, je me retrouve face à une bosse énorme, le Berrio blanc, où on distingue le chemin en lacet pour le gravir. Je ne grimpe pas trop mal jusqu’au point culminant de la course à 2869 mètres d’altitude. Bien sur la difficulté ce n’était pas la montée mais la descente. Du grand n’importe quoi, directement dans un pierrier droit dans une pente à 50%. Beaucoup descendent sur les fesses et moi-même je tombe plusieurs fois en glissant. Heureusement le passage est court et on continue la descente vers le dernier ravitaillement qui du coup est au kilomètre 45 et non 43. Une fille me dit que de source sure il reste 17 kilomètres. Elle devrait vérifier sa source car il ne restera que 15 et le total ne dépassera pas les 60.
La descente est longue par un chemin en pente douce sur 7 kilomètres où il faut courir, c’est long et je serre les dents. Les 6 derniers kilomètres sont sans difficultés mais tout en faux plat montant avec peu de plats pour relancer. Le soleil passe derrière le mont Ouille et après avoir crevé de chaud on se prend un petit vent frais à en attraper la crève. Dès que j’arrive au lac Verney je sais qu’il reste seulement 2 kilomètres avant l’arrivée et je cours le reste histoire de finir plus rapidement. Philippe est là pour m’accueillir après 12 heures. Il l’aura fait en 10 h 30. Je récupère mon sac d’arrivée où j’avais prévu une bière que je partage avec Cécile et Philippe que je quitte pour prendre la navette qui doit me ramener aux Chapieux. L’organisation est bizarre, il faudra 1 h 30 de bus pour retourner au point de départ et encore une demi-heure de bagnole pour redescendre à Bourg Saint Maurice, une éternité. Malgré tout, j’ai passé une super journée dans un cadre magnifique. Le slogan de la course, authentique et technique, est bien respecté. Une bonne organisation et des ravitos bien fournis avec un tee shirt finisher plus un repas à l’arrivée, je recommande. 

Stéphane

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