mardi 5 décembre 2023

La Saintélyon d'Alexandre

Bon ben la SaintéLyon je n’ai pas été charmé. La SaintéLyon ce n’est pas qu’une course nature, avant tout il y a un long rituel à effectuer. Cela commence déjà par une multitude de moments d’attente.

13h30 ! Départ de Portes-lès-Valence avec David au volant.

15h ! On arrive à la salle Tony Garnier de Lyon pour récupérer les dossards.

Première mission, la navette. On valide directement notre ticket pour le voyage de tout à l’heure qui nous emmènera à Sainte-Etienne.

Deuxième mission, repérer les toilettes.

Troisième mission, obtenir le précieux. Il y a beaucoup de monde mais ça ne stagne pas dans le serpentin de la file d’attente. De nombreux bénévoles et une bonne gestion du flux de la populace nous permettent rapidement de passer la phase dossard. Le flux qui mène forcément aux boutiques des sponsors, d’activités autour de la pratique du trail running, et d’autres organisations de grandes courses de trail. David craque sur la casquette SaintéLyon et moi le tour de cou. Pour en finir avec la petite photo officielle avec le dossard chasuble. 

16h ! On prend place dans les tribunes de la salle pour attendre le départ des navettes, du coup on en profite pour se mettre dans l’ambiance de l’événement avec l’aide du speaker, écran géant et de la fourmilière qui se présente sous nos yeux. Ça fait passer le temps.

17h ! On se décide à bifurquer pour la navette. Une colonne de bus 50 passagers est mis en place pour trimballer le troupeau. Le sac mit dans la soute on est les 2 derniers à rentrer dans le bus, on ne sera pas assis ensemble pour le trajet. J’en profite pour fermer les yeux et somnoler un peu, ça fait passer le temps.

18h et des poussières ! Terminus. Bienvenue au parc expo de Saint-Etienne, il fait déjà froid dehors mais dedans ce n’est pas mieux pour l’instant. On fait un repérage des lieux, toilettes Ok temps d’attente estimé 1 minute, site pasta-party Ok, endroit pour la consigne Ok et notre position de stand-by loin des enceintes Ok.

18h30 ! Y’a pas encore tout le monde. Tout le bétail n’a pas encore était parqué. On se met en plein milieu d’une des deux salles, à côté d’un p’tit jeune qui pour lui aussi c’était sa première Saintélyon. Les habitués de l’événement c’est tapis de sol, duvet, matelas gonflable,…. Nous des touristes, à même le sol !

18h40 ! Impact ! Je tombe sur Patrick Montel ! Journaliste sportif qui fait partager sa passion pour les grandes courses sur les réseaux sociaux depuis son éviction de France télévision. Il me sort son plus beau sourire pour la photo souvenir. Je ne l’embête pas plus et retourne à mes occupations. Avec du recul, je suis très en colère avec moi même. Le croiser et ne pas lui lâcher un « Alors peut-être !!?? » est impardonnable. Pour la référence, vous allez sur YouTube vous tapez « Alors peut-être » dans la barre de recherche. Normalement, vous tomberez sur une vidéo de l’équipe de France en relai 4x400 féminin, je ne vous en dis pas plus, frisson garanti.

Je retourne avec David tout fier de ma photo, rassembler les affaires avant de manger, lui en profite pour faire un tirage de langue avec « Casquette verte ».

Les affaires rassemblées et l’accord du p’tit jeune pour y donner un petit coup d’œil, on se décide à aller manger.

19h30 ! Nous voilà dans la longue file d’attente située dans l’autre salle pour la pasta-party qui zigzague entre les tapis, sacs des trailers. Le concept est marrant et ça fait passer le temps. 

20h ! La gamelle est servie. On s’installe au côté d’un groupe de bénévoles qui allait faire les navettes des consignes, David en connaissait un ! On papote un peu tout en mangeant, je retrouve une collègue de boulot et son club d’Upie venu à 8. David en connaissait un !

20h30 ! Repas fini, on file, passage aux toilettes pour ma part. Temps d’attente estimé 15 minutes. J’observe David qui tente de rejoindre notre emplacement perdu au milieu de ce bazar car depuis le temps la salle s’est considérablement remplie. Va falloir clairement enjamber tout ça pour y arriver. Le p’tit jeune dort en tenue. Il y a moins d’1 m2 pour ce changer, c’est un gros travail de souplesse et de contorsion pour s’habiller sans déranger les gens qui se reposent. Une fois l’attirail en place, 3 couches en long, legging, short cycliste et chaussettes hautes, c’est le mode PLS avec le tour de cou en masque pour les yeux, j’essaye de roupiller un petit peu, ça ne peut pas faire de mal et ça fait passer le temps…

22h30 ! Je me réveille de ma somnolence. Le p’tit jeune regarde Clermont - Racing 92 sur son téléphone, avec David on commence à parfaire les derniers réglages de nos tenues respectives. Je pars avec un camelbag de 4,5 kg, poche d’eau 1,5L + 2 x 250ml d’isostar, compotes, barres, gels, affaires de rechange et batterie portative. A porter comme ça fait lourd mais une fois sur le dos j’en avais plus l’impression. Ça n’a pas été une gêne pour la course en tout cas.

23h00 ! Le dossard chasuble en place par dessus le camelbag comme indiqué moult fois par le speaker (alors que je ne vois pas l’intérêt d’enlever son dossard chaque fois que l’on veut prendre quelque chose dans la poche arrière du camel), une dernière photo, les meilleurs vœux au p’tit jeune et nous voilà parti donner nos consignes qui nous attendront à Lyon.

23h20 ! On est dans la file d’attente intérieure des sas de départ, les élites partent dans 10 minutes.

23h40 ! On est dans la file d’attente extérieure des sas de départ, les perfs partent dans 5 minutes.

Là c’est déjà plus la même température, on ressent bien le froid. Stratégiquement je me suis mal placé. Je suis sur le côté de la file, j’aurais dû me planter en plein milieu pour être protéger… Toutes les 15 minutes on avance de 50m, le speaker qui braille les dernières consignes en boucle à chaque vague avec de la musique à vous faire perdre de l’audition mais bon ça fait passer le temps.

00h20 ! Dernière photo avant de lancer Strava et de ranger le téléphone. Je ne sais pas à ce moment-là la température qu’il fait mais je suis complètement frigorifié. On se dit avec David qu’une fois le départ lancé ça ira mieux, en courant je vais me réchauffer.

00h22 ! Ça y est c’est parti pour 78 km, 2100D+ 2400D-, 65% sentiers et 35% bitumes pour une température qui va descendre jusqu’à -10 degrés. Pas de pluie, un léger vent mais rien de méchant.

01h15 !  Presque une heure qu’on court, trottine, marche suivant le relief imposé par le tracé et je suis toujours frigorifié surtout l’extrémité des doigts et des orteils. On essaye de trottiner un peu plus en montée pour que je me réchauffe mais en vain. La neige et les premières plaques de verglas font leur apparition. Les premières chutes artistiques ne tardent pas, David n’y échappe pas. J’arrive à me faire plaisir dans la descente en la dévalant entre les plaques et les coureurs. J’échappe aux glissades pour l’instant, malgré que je ne sens plus mes orteils je garde des bons appuis et les crampons adhèrent bien, premier moment fun !

1h45 ! J’entends « 10 km de parcouru » je lâche « 1/8 » en rigolant. Ça va monter pendant 5 km. Je bois une à deux gorgées toutes les 20 minutes depuis le départ, tout en pensant de souffler derrière pour remplir le tuyau d’air ce qui permet à la pipette de ne pas geler. Niveau solide c’est pas ça. Je n’arrive pas à récupérer mes barres dans les poches avant du Camelbag tellement que je ne sens pas mes doigts, et quand j’en attrape une je n’arrive pas à l’ouvrir. Je lâche l’affaire rapidement en me disant que je me gaverai au premier ravito.

2h10 ! J’essaye de dessiner un cercle dans la neige avec mon urine. Une seule certitude je manque d’entraînement.

2h45 ! On est sur la crête, entouré par la neige et sous nos pieds les plaques de verglas. Le ballet des chutes continue. Le premier ravito n’est pas loin mais ça bouchonne, on fait du sur place pendant 20 minutes et la température pique de plus en plus. On ne fait que regarder ses pieds et ou on les met, ce n’est pas très glorieux.

3h10 ! 1er ravito Saint-Christo-en-Jarez, km 19. On pioche ce qu’on peut. On cherche un peu de chaleur mais ça ne court pas les rues. On reste 20-25 minutes, un peu long je pense. On reprend la route, j’ai toujours les extrémités gelées, ça n’en finit pas et j’en ai marre, hormis les descentes le reste du temps je ne prends pas de plaisir. Je commence à dire à David de filer et de ne plus m’attendre. Ça va faire dents de scie jusqu’au 2ieme ravito.

Dans les moments de coups durs, je pense aux messages d’encouragements que j’ai reçu, à Seb qui aurait tellement aimer y être, à ceux qui sont au chaud à Ibiza et aux 4 ricards à la paella du JCP, malgré tout, j’ai toujours David devant moi en vue à chaque montée et je le double à chaque descente.

4h15 ! Km 24 Re bouchon ça ce sépare sur 2 voies pour se rejoindre plus loin, je ne comprends pas trop la manœuvre. On reste planté pendant 20 minutes. Je suis au bout de ma vie, à la dernière gorgée j’ai oublié de souffler, du coup la pipette a gelé.

J’urine dessus pour la dégeler... non je rigole 😅. Je la garde un moment entre les lèvres et ça repart. Le temps de faire cela mon tour de cou avait gelé à l’endroit ou je respire. Sensation très bizarre quand on se le remet devant la bouche et le nez.

Une fois sorti de l’embouteillage, j’annonce à David que je vais stopper à Sainte-Catherine. Il ne me motive pas plus que ça pour continuer, ça ne m’interpelle pas plus sur le moment mais il a tenu à se justifier sur le chemin du retour en voiture que j’avais les lèvres complètement bleues et qu’il n’a pas voulu me relancer et aggraver ma situation. Y’a beau geste ! C’est vrai qu’à ce moment là je pensais très fortement à ne pas retomber dans les travers du THP avec une hypothermie.

Pour me remonter le moral il me rappelle qu’il reste 11km à faire encore. 😓

4h45 ! Ça se fait tant bien que mal, avec David on continue à s’attendre mutuellement suivant la portion de dénivelé. Je retiendrais la fameuse image des lignes de frontales qui serpentent devant et derrière nous, c’est assez impressionnant. Impossible d’immortaliser ces moments avec mes doigts congelés mais c’est gravé dans ma mémoire.

5h10 ! Je tente un carré, ce n’est pas mieux.

5h35 ! J’y suis presque, c’est moche à dire mais je pense fortement à la place toute chaude qui m’attend dans un fauteuil en tissu molletonné du bus. C’est la seule chose qui me motive à avancer. Les 2 derniers kilomètres descendent pour arriver à Sainte-Catherine, je me fais plaisir une dernière fois, j’ai le droit à une glissade mais avec réception parfaite.

5h50 ! Sainte-Catherine km 35 ! Générique de fin pour ma part, David arrive 3 minutes après. Je récupère ce qu’il ne souhaite plus transporter, remerciements, encouragements et je vais vite me réchauffer dans le bus.

7h00 ! Arrivée à la salle Tony Garnier, je me change, je me réchauffe, je grignote, je retrouve mes doigts et mes orteils, ça fait du bien !

8h00 ! Je m’installe dans les tribunes. Je vais la faire courte mais là c’est 6h d’attente jusqu’à l’arrivée de David, heure estimée par l’organisation 14h10 !

6h de Finisher à toute les sauces par le speaker, « Finisherrrrrr !», « FI-NI-SSSHHHHERRRR ! », « Bravo, bienvenue dans le club des Finisheeerrrs ! »…  et cela toutes les 5 secondes. Je ne vous cache pas que là je rumine, je bougonne, je prends bien conscience que j’ai les boules d’avoir abandonné.

Je somnole au milieu de tout ça. La torture 😅 Je me dis que j’aurais mieux fait de continuer au lieu de poireauter 6h et de subir ça. Je relativise quand même, il y a quelques heures j’étais frigorifié et je ne faisais pas le malin, j’ai fait 35 km dans ce froid et je n’ai aucune douleur aux genoux, ni aux mollets, la mécanique a bien tenu le coup à la surprise générale. C’est l’une des choses positives du week-end.

14h10 ! David franchit la ligne d’arrivée en étant « FiiNnnniiSShhhheeeeeeeRRRR ! » en 13h43. C’est l’heure pour lui de récupérer le saint Graal, une médaille en bois, le teeshirt et la photo finisher. Je le congratule comme il se doit avant qu’il récupère sa consigne, douche, repas et retour sur Valence !!!!

Je tiens à remercier David avec qui j’ai passé un bon moment, tous ceux qui m’ont encouragé avant, pendant et après la course, ça fait toujours chaud au cœur, même si ça n’a pas suffit. Je n’oublie pas les bénévoles, l’organisation et l’équipe qui va nettoyer le passage des coureurs, y avait pas 10m sans un déchet au sol… mais aussi les supporters qui nous encourageaient en musique à chaque hameau, peut importe l’heure et leur degré d’alcoolémie.

Je n’ai pas pensé à retenir le numéro de dossard du p’tit jeune, j’espère qu’il a la médaille en bois.

Le froid a encore eu raison de moi. Je savais déjà que je n’aimais pas l’hiver sauf peut être à Ibiza 😉

Y aura certainement un deuxième round, l’année prochaine c’est les 70 ans ! Ça vaut peut-être le coup de prendre sa revanche et surtout d’entendre enfin le speaker me dire « Yes ! T’es Finisher mon gars !» 

Alexandre

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