dimanche 17 mai 2015

Les aventuriers de la Drôme 2/2

C’est pas vrai,‭ ‬jusque là,‭ ‬les contrôle étaient aux ravitos,‭ ‬et là,‭ ‬il nous le plante en haut du rocher du Vellan.
Mon moral prend une grosse claque.
Nom de Dieu,‭ ‬Phil,‭ ‬il faut qu’on parte,‭ ‬le contrôle est là-haut,‭ ‬et il nous reste‭ ‬30‭ ‬minutes.
Un bisou rapide à ma famille,‭ ‬dommage qu’on n’ait pas le temps de parler plus.‭ ‬Eux qui attendent depuis un sacré moment,‭ ‬ça doit être frustrant.
Les parisiennes sont là,‭ ‬je leur dis que le contrôle,‭ ‬lui,‭ ‬n’y est pas.
Berengère peste (‬je crois que Bérengère est une pesteuse‭ !).
La demi-heure qui suit va être infernale.‭ ‬Il faut monter,‭ ‬et monter,‭ ‬jusqu’en haut le plus vite possible‭… ‬et ce chrono qui n’arrête pas de tourner‭… ‬et ce chemin qui n’arrête pas de monter...
Arrivés au sommet,‭ ‬on croit être sauvés,‭ ‬mais le chemin bifurque en s’éloignant du but‭… ‬mais c’est pas vrai ‭?!?
Finalement,‭ ‬nous arrivons au contrôle à‭ ‬09h23.‭ Encore une fois,‭ ‬ça a été chaud.‭ J’ai laissé pas mal d’énergie dans l’histoire.‭
La descente du Vellan est très jolie.‭ ‬A refaire dans d’autres conditions.‭ ‬Nous passons par un magnifique canyon,‭ ‬assez court mais très impressionnant.
A suivre‭ ‬6‭ ‬km de descente,‭ ‬il commence à faire très chaud.
44ème km:‭ ‬j’arrive difficilement à Beaufort/Gervanne.
J’ai des crampes partout,‭ ‬devant ‭; ‬derrière ‭; ‬mollets ‭; ‬cuisses.‭ ‬Ça change en permanence.‭ ‬C’est dur.
Phil a l’air très en forme,‭ ‬on a l’impression que les kilomètres glissent sur lui.
Encore‭ ‬5‭ ‬km avant le prochain ravito.‭ ‬Je n’ai plus d’eau,‭ ‬je viens de terminer mon‭ ‬8ème litre,‭ ‬ça va être compliqué.
S’ensuit une succession de montées/descentes dans des paysages plutôt agricoles.
Fausse joie en arrivant à Vaugelas,‭ ‬que nous pensons être Montclar et le ravito.
Bérengère rouspéte‭ (‬je crois que Bérengère est une rouspéteuse‭ !)‬.
Encore‭ ‬2‭ ‬km,‭ ‬j’ai soif,‭ ‬j’ai des crampes,‭ ‬j’en peux plus. Et Phil est tout frais,‭ ‬et il m’attend toujours.
Enfin Montclar.‭
Christine,‭ ‬Sylvie,‭ ‬Françoise et les enfants nous attendent‭ ‬300‭ ‬m avant le village.
Je suis tellement content de les voir,‭ ‬mais je ne peux pas parler,‭ ‬j’ai trop soif et je suis épuisé.
On est au‭ ‬49eme km,‭ ‬Ravito‭ ‬4,‭ ‬Barrière‭ ‬13h,‭ ‬il est‭ ‬11h40.
Ne pas crier victoire.‭ ‬La prochaine barrière est piégeuse,‭ ‬elle est à‭ ‬14h30‭ ‬au pied des Essarts,‭ ‬dans‭ ‬11‭ ‬km très difficiles.
Pour l’instant,‭ ‬il faut boire,‭ ‬et beaucoup car il fait très chaud.
Ma famille me réconforte,‭ ‬c’est bon qu’elle soit là.
Mais il faut repartir.‭ ‬Punaise que c’est difficile...
C’est parti pour‭ ‬11km de garrigue Dioise.
Il fait très chaud maintenant,‭ ‬j’aime courir sous le soleil,‭ ‬mais il nous reste‭ ‬18‭ ‬km sans ravito.‭ ‬Il faut impérativement gérer l’eau,‭ ‬et ça,‭ ‬j’aime pas.
J’ai prévu le coup,‭ ‬et pris deux petites gourdes supplémentaires en secours que Françoise m’a donné à Montclar.
J’arrive encore à courir sur les parties plates et en descente. Je suis étonné que ça fonctionne encore.‭ ‬Je commence d’abord par de toutes petites foulées,‭ ‬puis j’allonge doucement et ça repart.
Bon,‭ ‬pas longtemps,‭ ‬mais quand même,‭ ‬je suis le premier étonné d’être allé si loin.
Je fais la connaissance d’un gars très sympa:‭ ‬Laurent de Malissard. Il connaît Serge T.‭ ‬qui lui a parlé du club. On commence à faire un bout de chemin ensemble.
Après nous être aspergés dans un affluent du Rieussec‭ (‬bon sang,‭ ‬ça fait du bien‭)‬,‭ ‬nous remontons sur la route de Veronne pour le dernier contrôle.‭ ‬Il est‭ ‬14h02,‭ ‬il fallait passer avant‭ ‬14h30,‭ ‬c’est bon.
C’était notre dernière barrière.
Maintenant plus de doute c’est dans la poche.
C’était sans compter sur Jack Peyrard.‭ ‬L’organisateur fou de ce trail de dingues.
Au pied de la montée des Essarts,‭ ‬un panneau nous met à l’aise :
3‭ ‬KM de montée à‭ ‬17%,‭ ‬ça va faire mal aux cuisses ‭!
Je confirme,‭ ‬ce mec est dingue.
Je n’avais jamais fait un truc pareil.‭ ‬Sans doute renforcé par le fait que nous somme au‭ ‬60eme km.
La montée est interminable,‭ ‬il fait une chaleur à crever,‭ ‬il faut économiser l’eau.
Je fais une pause tous les‭ ‬10‭ ‬mètres.
Dès qu’il y a un peu d’ombre,‭ ‬je m’appuie sur mes bâtons,‭ ‬je ferme les yeux,‭ ‬et je me dis que si je me pose,‭ ‬je m’endors,‭ ‬c’est sûr.
Il y a des gars assis dans tous les coins d’ombre. J’en vois un,‭ ‬couché au milieu du sentier.‭ ‬Je lui demande si tout va bien,‭ ‬il me répond qu’il n’a plus d’eau.
J’avoue que je n’ai pas été très sympa.‭ ‬J’ai deux gourdes dans mon sac,‭ ‬mais je ne lui dis pas.‭ ‬La montée n’en finit pas et je ne sais pour combien de temps nous allons monter.‭ ‬Si je lui donne mon eau,‭ ‬et que je tombe en panne juste derrière,‭ ‬je vais le regretter.
Phil est parti devant,‭ ‬je ne le vois plus,‭ ‬je suppose qu’il va aller jusqu’au bout maintenant,‭ ‬car au sommet il ne nous restera que‭ ‬2‭ ‬km de descente.
Je suis toujours avec Laurent,‭ ‬alors j’encourage le gars au sol pour qu’il accroche le wagon et se joigne au groupe.
Les parisiennes sont là aussi car j’entend Bérengère bougonner‭ (‬je crois que Bérengère est une bougonneuse‭ !)‬.
Et finalement,‭ ‬après presque‭ ‬1h30‭ ‬d’efforts,‭ ‬nous arrivons au sommet.
Phil est là,‭ ‬il attend depuis une demi heure,‭ ‬assis à l’ombre.
Je n’en reviens pas,‭ ‬il m’aura attendu jusqu’au bout.‭
Comme il ne reste plus que de la descente,‭ ‬je propose au gars assoiffé une gourde pleine‭ (‬je suis désolé,‭ ‬j’ai oublié son prénom,‭ ‬je n’étais pas toujours très lucide‭)‬.‭ ‬Je crois que je lui fais plaisir,‭ ‬il était temps pour lui.‭ ‬Je m’excuse platement de ne pas l’avoir fait avant,‭ ‬il comprend.‭ ‬Tout va bien.
Nous décidons de descendre ensemble tout les‭ ‬4.
Les toits Saillansons se rapprochent.‭ ‬On est bientôt au bout.
On arrive au cimetière,‭ ‬je sais que ma famille sera là‭ (‬bien vivante ‭!)‬.
Effectivement ils nous attendent.
Ils font les‭ ‬500‭ ‬mètres restants en courant avec nous.
C’est toujours le meilleur moment de la course.
Enfin l’arche.
12 h53m23s.
Quel bonheur d’être au bout ‭!
Je regarde les trois becs et j’ai une pensée pour les gars qui continuent.
Je n’arrive même pas à l’imaginer‭…
Les parisiennes arrivent.‭ ‬Tiens,‭ ‬Bérengère ne maugrée pas‭ (‬hum hum,‭ ‬pas bon signe‭)‬.

Merci dix mille fois,‭ ‬Phil,‭ ‬pour ton immense patience.‭ ‬Tu n’as fait que m’attendre pendant presque‭ ‬13h.‭ ‬Tu aurais pu faire au minimum‭ ‬2‭ ‬heures de moins.
C’est ça que je recherchais en venant au JCP.‭ ‬Cet esprit de groupe et de partage.‭ ‬Tu représentes tout ça à toi tout seul.
Une pensée émue pour Serge T.‭ ‬qui a eu un jour sans,‭ ‬et qui avait l’air si déçu.‭
T’inquiète pas Papa,‭ ‬c’était pas la dernière.‭ ‬Et l’année prochaine on fait la MaxiRace.
Un très,‭ ‬très grand bravo à nos deux extra-terrestres,‭ ‬finishers du‭ ‬111.‭ (‬On verra,‭ ‬quand je serai grand‭…)
Bravo à tous les autres inscrits,‭ ‬sur les différentes distances.‭ ‬Ce week-end,‭ ‬aucune course n’a été facile.
Laurent de Malissard,‭ ‬j’ai passé un bon moment avec toi.‭ ‬Il ne te reste plus qu’à venir chez nous pour connaître ce genre d’aventure plus souvent.‭
On t’attend.
Merci à toutes et à tous pour vos SMS et messages d’encouragements,‭ ‬c’est vraiment génial d’être au JCP.
Merci à nos deux escargots qui ne dorment jamais.
Vous êtes incroyables,‭ ‬ne changez rien ‭!
Et surtout merci à ma famille,‭ ‬qui s’est levée tôt pour m’encourager et me soutenir tout au long de cette aventure.‭ ‬Et sans qui,‭ ‬je ne serai sans doute pas allé au bout.
Laurent

Les photos ici (merci à tous les photographes)

5 commentaires:

  1. Encore un énorme bravo à tous.
    En lisant vos récits, Jennifer ou Laurent, je continue a dire que Crest est, c'est un truc de fou.
    La venue des extra terrestres beaumontelegeois a fait pousser des ailes à certains jcpiens/jcpiennes.
    Quant à toi Papa Serge, même si ce n'est que partie remise, je sais que tu deviendras a ton tour un de ses grand
    aventurier du bout de Drôme.

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  2. Bravo pour votre belle aventure !

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  3. bravo lolo pour ce recit.
    une biere de plus et j'etais dans la meme galere que toi.
    j'ai bien fais de resister .une prochaine fois peut-etre
    felicitations encore et chapeau a phil.

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  4. Merci Laurent pour cette belle histoire de pleine de courage et de complicité. Certes on connaissait la fin comme dans un film mais le plus important c'est bien sur ce que tu a vécu durant ton exploit avec Phil. Et là grâce à ce nouveau récit et à ta personnalité tu nous prouve que tu es un grand aventurier comme Philipe T, Cédric, Jennifer, Jean Marie, Phil, Baptiste et les autres.
    Pour Serge ce n'est que partie remise
    Merci pour tous ce que tu fais, ainsi que Phil et pour ce bon moment de lecture

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  5. Wahou, quel mental il faut pour aller au bout de ce genre d' aventures! Rien ne te fait peur Laurent... un grand bravo pour votre courage à tous et pour cet esprit d' entraide. Merci pour ces récits qui nous permettent de vivre ces courses par procuration...


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