Ça peut faire fausse modestie mais ça n’en est pas, c’est la vérité.
Je suis trop gros. Je n’ai pas le physique longiligne de tous ces gars autour de moi, sur la ligne de départ. Je n’ai aucune volonté, ni pour perdre du poids, ni pour m’entraîner correctement.
Mais qu’est-ce qui m’a pris de m’inscrire, il y a quelques mois, sur cette course ???
Sans doute un de ces moments d’euphorie ou d’excès d’optimisme dont je suis spécialiste.
C’était sans compter sur cette opération début janvier qui m’a empêchée de courir jusqu’à début mars. Vu mon peu de préparation, j’allais jeter l’éponge en avril quand Phil annonce qu’il s’est inscrit pour faire la course avec moi.
Ah merde…c’était pas prévu, ça !
Je fais quoi ?
Je laisse tomber et je le plante, tout seul sur sa course ?
C’est un coup à se tailler une solide réputation dans un club, pis, j’peux pas lui faire ça, au Phil, lui qui est si sympa et dévoué pour tout le monde, je me sentirais trop mal.
Alors voilà, grâce, ou à cause (j’ai pas encore choisi) de lui, je suis sur cette ligne de départ.
Il est 3 heures du matin, j’ai dormi environ 2 heures, j’ai très mal au dos et il y a que des maigres autour de moi…
Dommage ça devait être beau !
Nous courons un moment sur la crête sur une monosente en bordure de falaise.
Il fait bon, ça bouchonne un peu alors le rythme est tranquille, tout à fait ce qu’il me faut.
Puis le chemin descend dans la plaine et nous prenons de larges pistes, direction Vaunaveys.
Le tracé s’amuse à faire le yoyo sur les contreforts du Vercors et c’est une alternance de " montées/descentes" jusqu’à La Baume Cornillane.
Phil est toujours avec moi, il m’a assuré qu’il ferait la course à mon rythme.
J’ai beaucoup de mal à y croire, je pense qu’il ne connaît pas mon rythme. A un moment il va se lasser, et je le comprends. Traîner un boulet pendant quelques km, pourquoi pas, mais pendant environ 12h ça devient de l’abnégation.
Et de toutes façons, je sais que je ne passerai pas les barrières et que je n’irai pas au bout.
Aux environs de Ourches nous rattrapons Serge T. C’est bizarre, c’est la première fois que je cours avec « Papa ». D’habitude je le vois au départ et à l’arrivée. Pas bon signe pour lui, il ne doit vraiment pas être en forme.
Nous arrivons au Ravito 1, sur la place de La Baume Cornillane, à l’endroit d’où nous partons pour nos sorties du dimanche. Mes intestins font la java, ça me rappelle l’Ardéchois 2014. Je dis à Phil que je dois régler le problème et je trouve les toilettes publiques du village. J’en sors juste à temps pour voir Phil passer le contrôle et partir en direction du château.
Bon, ça y est, il en a marre d’attendre, je l’avais prévu, mais peut être pas aussi tôt !
Je regarde l’heure. Mince, il est 05h30 et la barrière est à 05h45.
Il faut remplir mon camel, manger un peu puis passer le contrôle. J’aurais bien voulu passer un peu plus tôt, sachant que les difficultés n’ont pas commencé. C’est reparti…
Les ruines du château, qu’on commence à bien connaître, le rocher de la Pangée et la descente vers la ferme équestre.
Tiens ? Un bruit de cloche ? Des gens qui encouragent ? A cette heure-ci ? Ben…j’entends mon prénom ? Je me rapproche et…
INCROYABLE… Sylvie P. et Christine C., nos escargots à nous.
Ces filles sont dingues: qui se lèverait au milieu de la nuit pour aller encourager les copains ?
En tout cas, ça fait chaud au cœur, et en plus, elles m’apprennent que Phil me cherche. Il a cru que j’étais parti devant et il essaye de me rattraper !!!
Comment a-t-il pu croire un truc pareil ? Il ne se rend vraiment pas compte de mon niveau. Je suis à l’agonie depuis le départ ! Elles lui passent un coup de fil pour lui dire que je suis derrière, mais du coup, je fais ce que je peux pour ne pas le faire trop attendre. C’est dur.
Ça commence à monter franchement. Nous approchons du passage redouté. Je rattrape Phil, ou plutôt, Phil m’a attendu.
Le jour se lève quand nous attaquons le fameux Pas des Maquisards ou Pas des aventuriers, je ne sais pas trop.
Bref, ce pas à la con, qui monte à plus de 30% pendant trop, trop longtemps. Pour l’avoir testé la semaine précédente, je savais que j’allais en baver.
Ben voilà, tout comme prévu, j’en bave grave !
J’arrive enfin en haut, j’en peux plus.
Phil m’attend, frais comme un gardon.
Dans la montée, j’ai fait la connaissance de Bérengère et Sophie, d’un club parisien, inscrites sur le 111 km. On va se croiser sans arrêt jusqu'à Saillans.
Elles avaient déjà tenté l’aventure l’année dernière, mais avaient abandonné au 85ème km.
Je ne les ai pas trouvées dans le tableau des résultats, ça laisse à penser qu’elles n’ont pas réussi cette année encore. Elles reviendront certainement en 2016.
D’ailleurs, si elles lisent ce récit, qu’elles n’hésitent pas à laisser un commentaire pour donner des nouvelles.
Le Pas de la croix, puis le Pas du buis, pas de grosses difficultés jusqu’au Golf de Gigors, 26ème km, ravito 2. Il est 7h31, la barrière est à 08h. Bonne nouvelle, on a repris un peu d’avance.
Les parisiennes arrivent juste derrière nous. Bérengère râle, je ne sais pas trop pourquoi (je crois que Bérengère est une râleuse !)
Remplissage de camel, (j’ai déjà bu 4 litres depuis le départ) petite collation.
Tiens c’est Coco le Cyclo qui est avec nous. Il est inscrit sur le 111 et accompagne sa fille Céline.
C’est là que nous attendent encore nos escargots, et cette fois-ci il y a ma petite famille qui est là aussi.
Il faut remplir mon camel vide (on en est à 6 litres), manger un petit bout. J’en profite pour changer de tee-shirt puisque Françoise m’en a apporté un. Et il nous reste à faire flasher la puce pour le contrôle horaire. On est large, il est 09h et la barrière est à 09h30.
Je vais voir un bénévole.
Excusez-moi, le contrôle, c’est où ?
Bê…c’est pô là mon gars, c’est là-haut, à la croix !
QUOI ????
Laurent
La suite du récit ce soir ou demain.
Rappel, demain sortie sur St Péray, départ 8h15 de la gare ou 8 h du vestiaire.
Demain aussi la course de la foulées du bord du Rhône, PJ et Yannick sont partants.
Bravo Laurent pour ton récit et ton exploit car il fallait le faire !!! C'est vrai que je te voyais mal avec ton peu d'entrainement. Seulement avec un grain de folie et beaucoup de courage voilà le résultat!! belle preuve de ton mental !!! et félicitations aussi à ton serre-Phil !!!
RépondreSupprimerBravo pour ton exploit ainsi que celui de Phil. Ton récit est très agréable à lire et tu décris bien tes sensations.
RépondreSupprimerTu es un vrai traileur car malgré tes formes, tu as de la puissance et de la volonté et tu nous l'a déjà prouvé l'année dernière à la Maxi Race en le faisant cette course en binome avec Thierry. tu nous décris que la motivation, le soutien et la solidarité sont une force que nous avons au club.
Je te considère et je te confirme que tu fais parti des grands aventuriers du JCP.
Chapeau, Grand respect et j'attends déjà avec impatience la 2e partie.