J’ai su que ce n’était pas une bonne idée d’accepter l’invitation de la veille.
A un autre moment ç’aurait été parfait, mais là, non.
On ne va pas faire la fête pour un anniversaire, même d’une très bonne amie, la veille d’un trail comme l’Ardéchois.
Cette phrase va résonner dans ma tête pour les dix prochaines heures…
Quand Thierry arrive à six heures, samedi matin, je ne suis vraiment pas très en forme. On s’est couché très tard et je ne sais si c’est le punch, les toasts, les nems ou les gâteaux (c’est pour toi Patricia) mais j’ai un truc sur l’estomac qui va peser lourd (dans tous les sens du terme) aujourd’hui.
Thierry n’a pas l’air au top non plus, ça se voit qu’il n’a pas beaucoup dormi et on se dit que la route jusqu'à Desaignes va être longue. Heureusement mon binôme du jour est un excellent conducteur et la route se fait facilement et sans à-coup ce qui me permet de profiter encore quelques temps du festin de la veille !
Nous arrivons à Desaignes vers 07 h.
Il y a déjà beaucoup de monde et ce n’est pas facile de trouver une place pas trop loin du départ, parce qu’on sait déjà qu’une fois la course terminée, chaque mètre entre la ligne et la voiture va coûter cher.
Nous allons retirer les dossards, en chemin nous croisons Philippe C, déjà prêt, nous ne le reverrons pas de la journée.
Les dossards se retirent dans une salle, à coté du temple, en haut du village. Le temps de monter et j’ai déjà le souffle court et les jambes molles. Eh ben, ça promet d’être une grande journée.
Au passage je remarque que Desaignes est un joli petit village médiéval, et je me dis que si je repasse dans le coin, il faudra que je prenne le temps de m’arrêter pour visiter.
Nous retirons nos dossards et retournons à la voiture pour nous préparer.
Je suis mal, j’ai des brûlures d’estomac et les intestins qui dansent le pogo (les "vieux " des années 80 comprendront). Je dois chercher un coin de nature pour temporairement arrêter la boum (désolé pour les détails).
07h45, nous sommes au briefing de départ, nous trouvons Pascal, un collègue de boulot qui s’est mis au trail cette année, et qui, au vu de ses résultats, est promis à un grand avenir dans la discipline s’il souhaite continuer.
Nous trouvons aussi Christine C et Sylvie P qui ont dormi sur place uniquement pour nous encourager, et ça, c’est preuve d’une gentillesse incroyable.
Elles ont fait leur course hier et n’ont pas hésité à rester vingt-quatre heures de plus, uniquement pour nous voir.
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Christine sur le 20 km |
08h00, le départ est donné dans une ambiance incroyable, une foule énorme s’est massée pour nous encourager, un groupe de Batucada réchauffe la température, nous passons sous le balcon des officiels où Dawa Sherpa joue les reines d’Angleterre en nous saluant.
Je suis un peu son modèle, mais je ne sais s’il a pu me voir dans cette foule !
Un premier tour gratuit de village pour étirer le long serpent de presque 800 coureurs et nous commençons à monter.
Le calvaire démarre ici pour moi, kilomètre zéro, et durera trente six de plus.
Je mets tout de suite les choses au point avec Thierry: je vais galérer toute la course, alors vas-y, fais la tienne et on se retrouve à l’arrivée.
Il ne veut rien entendre et va me traîner le reste de la journée.
Après cinq cent mètres, nous retrouvons les filles, sur le coté, qui nous encouragent autant qu’elle peuvent.
Les six premiers kilomètres se font en montée, en moyenne inférieure à 10 %, c’est dur. Thierry à l’air en forme et je suis si désolé de lui pourrir sa course, alors j’insiste, et insiste encore pour qu’il parte mais le bougre tient bon, il ne veut pas me laisser.
A suivre, deux bons kilomètres de descente, ça me permet de récupérer un peu, je bois beaucoup, je pense aux futures crampes, je ne me fais pas d’illusions, je ne me demande pas si elles vont venir mais plutôt: quand elles vont venir. J’espère le plus tard possible.
Thierry se lâche dans la descente, il se fait plaisir, je pense qu’il a reçu mon message et suis content de ne plus le freiner.
Tu parles, je vous laisse deviner qui était en bas, sur le coté, à m’attendre en laissant passer une cinquantaine de concurrents.
Nous recommençons à monter, le groupe de percussions est à nouveau là pour nous encourager, les vaches, y vont plus vite que nous !
La partie la plus difficile, deux km de montée très, très raide, une torture. J’étais déjà pas en jambes, mais là, c’est le bouquet. Arrivé en haut, j’ai le mollet tout flageolet, comme dirait l’autre, et on en est qu’au dixième km.
Nous arrivons sur un plateau avec d’immenses éoliennes, qui, avec le vent qu’il y a, tournent à plein régime, je me dis qu’on pourrait recharger quelques téléphones avec ça.
Thierry part plus loin devant moi, c’est bon, ce coup-ci il a enfin compris. Je ne suis vraiment pas bien, mes intestins ont remis la sono. Il vaut mieux que je m’arrête pour régler le problème. Thierry est parti, ça ne pose plus de problème.
Je prends mon temps, entre 5 à 10 minutes, je repars, et au bout de cent mètres, devinez qui est là, sur le bord, à m’attendre ?
Il a encore laissé passer plus d’une centaine de coureurs, j’ai honte, je ne savais pas qu’il m’attendait. Je suis vraiment un gros boulet.
Suivrons 8 kilomètres plutôt descendants, dans des paysages d’une beauté rare, sur un grand plateau, quelques fois en bordure de crête qui nous mèneront à cet endroit magique que sont les ruines du château de Rochebonne.
L’endroit est vraiment magnifique avec une vue incroyable sur la vallée. Par contre, pas question de se laisser endormir par le paysage, car le passage est extrêmement technique avec des marches très hautes et très glissantes et la moindre erreur se paye cash.
Nous descendons droit sur la cascade, un passage bien connu du parcours. C’est très beau (note pour l’avenir # 2 : il faut vraiment revenir dans d’autres conditions pour profiter du site).
Mes crampes commencent à s’annoncer. On est seulement au dix-huitième km. Sans être très matheux, j’ai conscience de n’avoir fait que la moitié.
Bon, la suite va certainement être rock’n roll !...
LA SUITE ! LA SUITE !
RépondreSupprimerSuper ton récit, j'attends la suite. Tu écris très bien et tu nous fais ressentir tes sentiments.
RépondreSupprimerJ'ai peine pour toi mais déjà tu as fait le parcours et c'est déja formidable et l'on resent aussi le soutien de Thierry.
Tu nous montres encore une fois que nous avons toujours l'esprit club même en compétition.
Encore Bravo...
Il raconte bien le curling roller pour un gars que je n'ai pas vu de la journée sauf le matin avec son balai :)
RépondreSupprimerJe plaisante bien sur, beau récit mon Laurent
Je vais pas commencer à dire que je suis inquiet pour le challenge du 29 juin parce que je sais que ta force mentale te permettra d'aller au bout, mais va falloir qu'on s'entraîne un peu. A manger mieux.... Bravo pour ce début de récit et cet exploit sur ton tableau de chasse.
RépondreSupprimerSuper Laurent !! quel courage après tout ces excès ou inconscience!!! .........et quel cohésion dans cette équipe de curling runners /2 avec Thierry, vu la fin de ton récit on peut imaginer ta tête à l'arrivée !! rock'n roll ......c'est Dawa qui a dû être content !!
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