La montée démarre dans les bois
qui, rapidement font place à des alpages de cartes postales.
Mes bâtons sont pratiques mais, depuis le début je les trouve un peu courts pour moi. Jusqu’au moment où un morceau reste planté dans la boue et je découvre avec stupeur qu’ils sont composés de trois segments télescopiques et je n’en utilisais que deux. Ce sont toujours de grands moments, où je peux me moquer de moi-même (je sais que Phil comprendra) et qui me remettent bien les pieds sur terre en me ramenant à mon vrai niveau.
Après avoir agrandi mes bâtons, me voilà reparti dans la pente. Thierry arbore une mine plutôt maussade, cette partie ne lui plait pas, trop de deniv. Lui préfère les parties roulantes ou il peut laisser s’exprimer ses talents de coureur. Bref, la rando c’est pas son truc. Je l’encourage en lui disant que la montée est bientôt finie. Je sais que ce sont des balivernes et que le plus dur reste à venir, mais bon il faut bien l’encourager, vu que je suis grandement responsable de sa présence ici.
Nous empruntons enfin un large chemin forestier pour arriver au Chalet de l’Aulp,
Point de départ de nombreuses randonnées et surtout de la classique « Tournette », montagne surplombant le lac, avec une vue imprenable sur 360 degrés.
Une rapide descente bien boueuse,
Et nous reprenons l’ascension pour la partie "sommitale" de cette course à 1630 mètres.
Thierry ne parle plus, il n’apprécie pas vraiment la balade, je suis tellement désolé pour lui. Pour moi, c’est le pied. Les paysages sont somptueux, la forme est là, le moral est au plus haut, les crampes ne sont toujours pas arrivées, bref, je me régale comme rarement.
Je tente un peu d’humour pour essayer de revoir un sourire de Thierry…c’est le bide.
Un gars, devant nous, renchérit avec une blague. Il ne m’en faut pas plus pour embrayer, et les blagues "carambars" fusent.
Mon binôme n’est pas très réceptif. Comprends pas…un humour de cette qualité…comment peut-on ne pas apprécier.
Le dernier kilomètre avant le col des Nantets va être très rude pour les organismes.
C’est une montée très, très raide où l’on s’aide parfois des mains.
Nous arrivons au sommet, et quelle récompense !
Le panorama est à couper le souffle.
Plutôt que de grands discours remplis de superlatifs, je vous laisse juger avec les photos prises à la volée.
Écoutant les conseils que m’avait donné un jour un grand trailer, qui n’est autre que Serge, dit "Papa", j’avais divisé ma course en plusieurs segments, mentalement plus raisonnables. Je venais de finir la première partie, la prochaine irait jusqu’au ravito de Menthon et la troisième jusqu’à l’arrivée. Cela me faisait trois petits trails d’environ quinze km, ce qui est beaucoup plus facile à faire.Le col passé, nous entamons une descente, d’abord agréable, à travers des alpages.
Le parcours nous fait passer derrière la chaîne des Dents de Lanfon, montagnes magnifiquement découpées, spot bien connu des grimpeurs Anneciens.
Va suivre l’enfer. 4 km de descente "droit dans la pente" sur une sorte de piste forestière très caillouteuse, au milieu des bois.
Thierry, qui est bien meilleur descendeur que moi, part devant, mais je vois bien que s’il se dépêche c’est uniquement pour en finir au plus tôt. Il n’a pas la tête des bons jours.
Pour moi, cette descente va être le pire moment de la course. Elle est tellement raide que je ne peux pas courir, mes quadri me font mal, heureusement que j’ai mes bâtons qui soulagent les appuis. Je suis obligé de m’arrêter plusieurs fois, pour faire des étirements, tellement c’est douloureux. On est très loin de l’arrivée, il faut vraiment que je gère et ce chemin qui n’en finit jamais. À chaque virage on croit arriver et bing, on voit cette piste qui continue jusqu'à ce que le regard se perde.
Et mes crampes qui commencent à s’annoncer. On n’est pas encore à la moitié du parcours. Eh ben…comme ils disent dans le coin…on n’est pas rendu.
Je pense que c’est cette partie de la course m’aura pompé le plus d’énergie, j’ai vraiment souffert.
Finalement j’arrive dans le petit hameau de Villard-Dessus où se trouve la deuxième rampe d’eau, bien entendu mon camel est vide.
Je retrouve Thierry qui m’attend depuis cinq bonnes minutes (à mon avis, bien plus !). Il me confirme qu’il n’a pris aucun plaisir dans la descente et commence à sous-entendre qu’il n’ira peut-être pas au bout parce que: la randonnée, ça l’amuse bien un moment mais bon, faudrait voir à pas exagérer parce que là, maintenant ça commence à bien faire, ce serait quand bien de pouvoir courir un peu parce que ces courses avec un deniv de dingue où on marche tout le temps, et gnagnagna et gnagnagna ….
Bon… il va falloir jouer serré pour le faire aller au bout.
Je remplis mon camel, je mange des tucs (au bacon parce que Rachel m’a piqué les natures, pour l’apéro de la veille) et une barre.
Allez, il faut repartir…courage mon Titi, dans six km c’est le ravito de Menthon St Bernard, on aura fait les deux tiers, nos familles seront là, on fait un bon arrêt, on se retape et on voit.
Les six km se feront sur des pistes et gros chemins, plutôt descendants, où nous pourrons courir la plupart du temps. La température augmente au fur et à mesure du parcours, nous approchons du lac.
Les premières maisons et finalement, sur notre droite, apparaît le château de Menthon.
Voici enfin le ravito, la fin de mon deuxième trail.
A demain...
continues.... tu m'interresses...
RépondreSupprimermerci
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