Mes affaires sont prêtes de la veille. Déjeuner, s’habiller, remplir les gourdes… Je suis en mode robot ! Mes quelques neurones déjà en activité me font prendre conscience que j’en ai au moins pour 4h de course, il serait peut-être bon de prendre un peu de musique ! J’attrape l’IPod qui traine dans la chambre et une paire d’écouteurs, puis direction Mirmande avec Quentin.
J’en ai entendu « des vertes et des pas mures » sur cette course. C’est long, plus long que prévu, c’est dur, très dur, ça monte, c’est raide… Malgré tout, je suis plutôt contente et surtout sereine avant le départ ! Alors qu’on se prépare dans la voiture, il se met à pleuvoir ! Eh bien, même la pluie ne me perturbe pas ! Si ça pouvait être comme ça à chaque course !
Le départ est donné à 9h en commun pour les coureurs du 26 et du 45 km. Je suis étonnée, je pensais qu’on serait bien plus nombreux. Je dirai 200 coureurs à tout casser sur la ligne. Peu de temps avant, j’ai croisé Jean et échangé quelques foulées d’échauffement avec lui. On est plutôt content car la pluie a cessé, mais ce ne sera que de courte durée. Quentin, se place au premier rang, moi plus en retrait. En hommage aux victimes bruxelloises, nous nous recueillons une minute en silence. Quant à moi, c’est à mon oncle Jean-Luc parti si soudainement une semaine plus tôt auquel je pense. Je sais que je n’aurai jamais les jambes pour gagner et lui rendre un bel hommage mais je compte bien faire de mon mieux pour lui !
Vite je sèche mes larmes car c’est parti et ces messieurs s’élancent comme des fusées ! On effectue un petit tour d’honneur dans le camping avant d’attaquer les premières réjouissances ! J’aperçois Quentin qui attaque la grimpée en tête, cela me rassure. Ne pas s’affoler, ne pas se mettre dans le rouge, j’opte pour une allure tranquille et grimpe à toutes petites foulées puis je finirai en marchant. On sera stoppé sur le haut de la côte, un petit passage sinueux créant un bouchon. La pluie s’est de nouveau invitée et je constate que ma veste déperlante est déjà passée en mode absorption !
Nous basculons pour une petite descente technique. Je n’ai pas trop regardé le parcours, je suis ici en touriste, mais d’après ce que j’ai compris cela sera une succession de montées/descentes ! Je décide donc de faire les montées en marchant à bon rythme et de me rattraper dans les descentes et parties transitoires. Sans réelle préparation pour un tel dénivelé, je suis quand même plutôt dans un bon jour. J’enchaine les grimpées sans me poser de questions, mains sur les cuisses, je réussis même à doubler quelques concurrents. J’essaie de toujours relancer au sommet pour aborder les descentes en courant, et cela fonctionne bien ! Attention, je reste modeste, tout ceci à allure très moyenne et bien sûr en queue de classement. Mais, la satisfaction personnelle est là et c’est ce qui compte après tout !
Au 6e km, nous traversons Mirmande, ses petites ruelles charmantes et ses escaliers moins sympathiques ! Je regrette que la vue soit bouchée par de vilains nuages ! 1h de course, rapide calcul, j’en ai au moins pour 4h30 ! Je vais brancher la musique pour me remotiver un peu ! Ce que je n’avais pas prévu c’est que sur ce MP3 il n’y avait seulement que 4 chansons de … Black M !!! Donc imaginez un peu 4h de « Je garde le sourire » et « Sur ma route », autant dire que je connais les paroles par cœur ! Sauf que sur ma route à moi il n’y a pas eu du move oui, mais plutôt de la pluie !... Bon, cela m’aura quand même bien distrait et surtout permis d’enchainer les montées sans trop ronchonner !
Au premier ravito, au 11e km, alors que je suis plutôt contente de voir l’allure augmenter légèrement à ma montre, un bénévole vient m’asséner le coup de grâce ! « Il y en a encore beaucoup derrière vous ?? » Je sens une pointe d’agacement dans sa voix… « Mon bon Monsieur, je fais ce que je peux, et oui, il y en a encore ! Beaucoup ? Non, mais il y en a encore ! » Pour les encouragements, on repassera (ou pas !). En réalité, je me contente de lui sourire bêtement, et repars ! Je préfère encore écouter mon Black M !
La pluie a fait son petit effet, les chemins commencent à être bien gras. Je peste un peu contre mes chaussures qui font des réserves de boue sous mes semelles et perdent de l’adhérence mais Black M me dit de garder le sourire alors je continue ! Vers le 16e km, trouvant le parcours pas assez long à mon goût, je fais une petite erreur et vire à droite dans une descente. Manque de pot, c’était à gauche ! Et j’embarque 2 coureurs avec moi qui m’ont suivie. Je pense à Quentin, spécialiste du ratage de rubalise, j’espère qu’il aura bien ouvert les yeux… Je ne le verrai qu’à l’arrivée, mais dans mon sac, mon portable clignotait. SMS de Quentin « Je me suis perdu, fais attention ! ».
On rebrousse chemin avec mes deux compères et on retrouve vite la trace. Je vois avec désarroi que tous les concurrents doublés sont repassés devant, quelle barbe ! Black M avait raison ! Sur ma route oui, il y a eu de l’aventure dans l’ movie ! No panic, je reprends mon rythme, on bascule au col de la Grande Limite, on croise des concurrents du 45km, je me sens moins seule. La barre des 20 km est passée, psychologiquement ça fait un bien fou. J’essaie de ne pas trop penser à ce qu’on m’a dit à propos de la dernière bosse terrible, 2km avant l’arrivée… On verra au moment voulu !
Je reviens sur une amie Nathalie, on peste toutes les deux sur le temps et la difficulté du parcours ! Ça ne nous fait pas avancer plus vite mais ça nous fait du bien ! Je poursuis, encore et toujours de la montée, puis on arrive à une route et un signaleur nous indique « dernière montée » ! Ah la voilà, on ne l’attendait plus ! Je m’en étais fait une montagne mais finalement après l’enchainement de toutes ces difficultés, elle ne me parait pas plus dure que les autres. Nous sommes tantôt dans un bois, tantôt sur de larges sentes en plein brouillard, je commence à avoir froid ! Même Black M n’arrive plus à me faire sourire, c’est dire !
La dernière descente est vraiment casse gueule mais je parviens à rester sur mes deux jambes ! J’ai plus de 28 km à ma montre mais je n’entends toujours pas de speaker à l’horizon… Puis tout à coup on débouche sur un chemin puis dans le pré où se situe l’aire d’arrivée ! Effectivement, il n’y a pas foule et c’est donc une arrivée tout en discrétion que je fais. En même temps, y’a pas de quoi saluer la performance ! Quentin m’attend et c’est l’essentiel, je le vois soulagé de me trouver enfin là, entière et plutôt assez fraiche malgré mes 4h30, 29 km et 1600 mètres de dénivelé !
Je jette un regard vers le ciel bouché, tu vois Tonton je l’ai fait en pensant à toi, à mon rythme sans pression, juste avec l’envie d’arriver au bout, et c’était bien là le principal !
Maintenant, quelques jours de repos avant de programmer la suite de la saison. Dans le tableau de prévisions de courses, quelqu’un a inscrit mon nom avec un point d’interrogation pour le 55 km des Drayes du Vercors… Je ne sais pas qui c’est, mais je suis à deux doigts de le retirer ce point d’interrogation...
Jennifer
Félicitations,
RépondreSupprimerUn très beau récit.
Désolé pour la pluie...
Sportivement
Bravo ! Un plaisir de te lire. Vivement ra prochaine aventure.
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