J’ai questionné un peu autour de moi, personne n’est partant pour un ultra, la plupart étant déjà inscrits sur d’autres courses à venir. Ce n’est pas grave, j’irai en solo.
Je pars sans objectif, juste profiter des paysages des Pyrénées avant l’hiver. Dans le même état d’esprit que si j’allais faire une rando.
A Font-Romeu, je rejoins Romain, un ami charpentier. Coup de chance, il a formé une équipe avec 3 jeunes pour faire la course en relais. Il va s’occuper de l’assistance.
Je m’installe au camping (où je suis tout seul) pour passer la nuit.
Départ le vendredi matin à 10h, grand beau temps et le plateau de Font-Romeu est superbe (ça va, je ne me suis pas trompé d’endroit).
On n’est pas nombreux, 250 personnes sur le 172 km plus les relais, peut-être 400 personnes en tout.
La première partie est très roulante, je suis avec Guillaume (charpentier) On parle de construction bois pendant quelques heures, puis il part devant.
Mauvaise surprise, il n’y a pas de ravitaillement solide avant 40km. Je mange des barres énergétiques, mais assez vite ça ne me donnera plus envie.
Les premières bosses arrivent et les descentes sont techniques, je fatigue assez vite et j’arrive au ravitaillement de Montet…pas très frais. Je prends le temps de manger et boire, ça va mieux.
Je rejoins Guillaume juste avant VERNET où il passe son dossard à son coéquipier (que je ne reverrai qu’à l’arrivée).
Romain est également là, je discute un peu avec lui avant de repartir.
On attaque la première vraie difficulté de nuit (1500m de D+) - La montée est interminable.
La partie entre le refuge de Cortalet et Arles-les-bains est assez éprouvante. Les sentiers sont très techniques (seules les chèvres doivent les utiliser).
Il fait nuit, le mont Canigou ne doit pas être loin mais je le ne vois pas (pas de lune mais un beau ciel étoilé).
J’ai rejoint deux coureurs sans m’en rendre vraiment compte. La nuit, on ne voit pas bien les visages, on reconnaît plutôt les dossards et les vêtements. Je resterai pourtant avec eux pratiquement jusqu’à l’arrivée.
La base de vie d’Arles-les-bains est enfin est vue. Je suis content de voir Romain, ça fait du bien de voir des visages connus. J’en profite pour me faire masser les jambes.
Je repars juste avant le lever du jour et j’ai une grande sensation de fatigue (j’aurai peut-être dû m’arrêter dormir une demi-heure à Arles...)
Ça va mieux avec le jour. Je retrouve mes deux compagnons d’infortune et me cale sur leur rythme. Les kilomètres défilent malgré des montés assez raides.
Sur les crêtes, le vent souffle fort mais il n’est pas froid. Les conditions météo sont idéales.
Arrêt plus rapide au Perthus, et nous repartons pour une nouvelle montée.
C’est l’après-midi et il commence à faire chaud. J’arrive au col de l’Oulliat tant bien que mal. La descente est très raide et casse-pattes.
Dernière bosse où je m’arrête prendre des photos. Mes deux coéquipiers continuent, je ne les rejoindrai qu’une fois arrivé.
La mer est en vue mais il reste encore une quinzaine de km.
A 10km de l’arrivée, rien ne va plus. Je suis barbouillé et mes jambes refusent d’avancer. Ça va être long...
Je fais un arrêt technique et miracle, la machine repart. Je me fais quand même rattraper par 2 dossards du 100 miles. Sursaut d’orgueil, je ne vais pas perdre deux places maintenant (ça fait sourire après 30h de course mais bon). J’allonge la foulée et enchaine les derniers km sans m’arrêter.
J’arrive au port d’Argelès-sur-Mer, on ne doit plus être très loin. Enfin l’arrivée ! J’aperçois Romain et son équipe avec des bières et des pizzas. Ha, de la bière, du salé, du gras, la vraie vie !!
On est sur le bord de plage et il fait bon, je profite du moment. Je partage quelques bières avec eux, j’oublie même de me tremper les pieds dans la mer.
Mais je commence avoir les yeux qui se ferment et vais me coucher après un arrêt au stand kiné.
L’organisation a mis à disposition un gymnase avec douches et matelas - grand confort !
Le lendemain, je me rends compte qu’il a eu un gros orage pendant la nuit. Je suis bien content d’être arrivé avant.
C’était une belle expérience, différente des autres trails et malgré les coups de mou, les «c’est dur quand même » - mais surtout sans blessure aux genoux - c’était une belle course !
Émeric
3 ULTRA dans la saison, quel santé ! Bonne récup mais pas qu'avec de la bière...
RépondreSupprimerBravo à toi Emeric ! Monsieur fait 166 où 172 km sans préparation !! Tu ne tournes pas qu'à la bière rassure moi car j'en connais mais il ne font pas ça.....
RépondreSupprimerBravo Émeric pour ton Ultra "Sans Préparation" et merci pour ton récit et tes photos qui font aimer la montagne. bonne récupération à toi
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