Une flaque de jade au milieu d’un écrin de verdure.
On est venu pour en prendre plein les yeux et les jambes.
On va être servi !
09h10, le départ du 29 km, on sent déjà la chaleur du soleil et ça nous augure une journée éprouvante.
Nous sommes 6 JCpiens massés à l’arrière du peloton : Irène, Nath C., Nath D.S., Lolo, Phil et moi.
Nous ferons finalement environ 10 Km ensemble.
Départ sur le goudron, comme souvent, au bout de 100 mètres, un premier lacet et une montée bien raide pour démarrer, effectivement la journée risque de ne pas être simple.
Environ 2 km de goudron, puis une mono sente, bien agréable, assez plane, dans les bois en bordure du lac sur 1 km, pour arriver sur une piste forestière qui nous mènera au premier passage sur la Passerelle de l’Ebron au km 5.
Je regarde ma binôme Bianca, elle n’a jamais emprunté de passerelle et elle n’est pas sûre de sa réaction. Moi, je suis un peu inquiet car nous avons décidé de faire la course ensemble et si elle coince sur les passerelles, ça pourrait rapidement régler le problème.
Elle passe, comme si de rien n’était, à croire qu’elle n’a pas remarqué les vingt mètres de vide en dessous. Ouf, je suis quand même bien soulagé.
Une bonne petite montée en sortie me rappelle qu’on n’est pas à Disneyland mais qu’on est là pour en baver.
Suivra 1 km que j’adore, dans les bois, sur une crête qui surplombe le lac, des petits coins qui appellent au repos, au pique nique, à la contemplation… Ha pardon, on n’est pas là pour ça !
Km 7, premier ravito, eau uniquement. Il est le bienvenu car mon camel est déjà quasi vide. J’ai tellement peur de reprendre de méchantes crampes comme au Ventoux que je bois comme un trou, en plus, vu la chaleur, il faut vraiment pas jouer avec ça.
Notre groupe de 6 va bien, tout le monde a le sourire, nous n’avons pas eu encore de grosse difficulté, donc l’ambiance est au beau fixe.
2 km de descente pas très intéressante, j’ai quand même réussi à prendre une bonne gamelle avec une racine plus fourbe que les autres. Légères contusions à la fierté, rien de grave.
Encore 1 km de descente bien soutenue pour arriver à la Passerelle du Drac. En descendant avec Phil, on se dit qu’il va falloir la faire dans l’autre sens au retour, et ça, ça fait moins rire.
Km 10, la passerelle du Drac, un peu plus longue que l’autre, 220m alors que l’autre ne fait que 180m, de la rigolade pour ma binôme, qui est maintenant une championne de ce genre d'exercice.
Nous savons qu’à partir de là, les choses se corsent, à suivre, 5 km de franche montée, dont la moitié à plus de 15 %.
Le premier km se fait en plein soleil, et là, je peux vous dire qu’il commence vraiment à faire bon.
Ma binôme commence à ralentir, elle ne se sent pas bien, encombrée, nauséeuse, c’est dur.
Les autres attendent un peu, puis font leur course, normal.
Tiens, voilà Jean-Luc qui nous rattrape.
Elle galère, ma binôme, mais elle monte, doucement mais sûrement. Cette partie n’est pas très sympa: une piste forestière très pentue sans grand intérêt, mais bon, on peut pas toujours avoir que des mini sentiers dans les bois.
Moi, je n’ai plus d’eau depuis le premier km de montée. Il y a des effets pervers à trop boire, je n’avais que deux litres sur le dos et maintenant, il va falloir attendre encore 4 km de montée et 2 de descente avant le ravito, purée, je me dis que ça pas être simple.
Et si j’achève Bianca et que je lui pique son eau ?
Non, ça va se voir !
Ok j’attendrai.
Enfin le sommet, la pauvre est à l’agonie, en plus les crampes commencent à venir, elle cumule.
Descente assez raide par moment, une crampe oblige Bianca à s’arrêter, on essaye de la faire passer et c’est reparti.
Tiens, on rattrape Jean-Luc.
Au loin quelques maisons, on approche du ravito.
J’ai une pierre à la place de la langue, je plonge la tête dans la fontaine. Quel bonheur.
Nath C. et Phil sont là, en train de repartir, on ne les verra plus jusqu'à l’arrivée.
On prend beaucoup de temps à ce ravito, il faut que Bianca essaye de se retaper. Bien boire, bien manger, se reposer.
Je refais le plein de mon camel, et nous voilà repartis pour 1 Km avant de reprendre la Passerelle du Drac dans l’autre sens.
Tiens revoilà Jean-Luc qui prend des photos avec un appareil argentique qui a certainement déjà pris des clichés de Vercingétorix. Des années que j’en n’avais plus vu des comme ça.
La Passerelle, la routine pour ma coéquipière qui n’est toujours pas mieux et qui rame comme jamais.
Je me rappelle à ce moment de la descente avec Phil, m…., il va falloir se remonter tout ça. J’en parle à Bianca ?
Non, préservons son moral.
A suivre, la partie que j’aime le moins, entre la passerelle du Drac et le ravito (chemins trop larges, trop de soleil).
Bianca nous fait une crampe dans les orteils, pile à l’endroit où je suis tombé à l’aller. Mais alors, l’endroit est maudit ?
Après une montée terrible, écrasée de chaleur, le ravito liquide. Ben dit donc, il était temps, mon camel est encore vide.
Et voilà encore Jean-Luc qui revient car il a oublié son appareil photo sur la table. Personne ne l’a volé, bizarre !
Mon passage préféré sur la crête et voilà déjà la dernière passerelle.
Un jeune gars, inscrit sur le 45, me demande si je peux l’aider à traverser car il souffre de vertige.
Ok, je lui tiens la main et l’épaule pendant toute la traversée.
J’ai rarement vu quelqu’un d’aussi déterminé. Il est tétanisé, il est tout blanc, il respire pour saccade, et pourtant il passe.
Chapeau et quel courage !
Bianca n’en peut plus, elle est dans un état second. Je lui annonce la couleur :
Il reste 6 km dont 2 de méchante montée, à cet endroit, tu peux te faire rapatrier en Quad par l’organisation, soit tu vas au bout, mais ça ne va pas te faire du bien !
Elle hésite, et finalement ira au bout.
Bravo, vu son état, il faut une bonne dose de volonté.
Et la montée qui tue commence, et Bianca monte, pas à pas, et je l’encourage, comme depuis maintenant trois heures.
La pauvre doit en avoir vraiment marre de m’entendre.
Km 25.5, le dernier ravito, pour changer, mon camel est vide. Nath n’est plus que l’ombre d’elle-même.
Je culpabilise à fond de l’avoir emmenée dans cette galère.
Allez…courage…reste une grosse descente, un peu de plat et c’est la fin.
Effectivement la descente achève bien les cuisses de ceux qui n’en avait pas assez.
Les deux derniers kilomètres, elle les fait plus par habitude qu’autre chose.
Allez…on est bientôt arrivés… on entend le speaker…ton mari et tes enfants seront là…courage…c’est tout plat….
Je suis un peu à cours d’arguments.
Enfin l’arche d’arrivée.
Et voilà, 06h25 de course vécue différemment.
Une très grosse galère pour Bianca.
Pour moi, cette course est un peu particulière car c’est ici que j’ai fait ma première course nature, l’année dernière.
Et s’il n’y avait pas le regret d’avoir traîné ma binôme dans sa pire course, j’ai vraiment passé une très bon moment, et si je peux je reviendrai sans problème l’année prochaine.
Laurent
BRAVO A TOUS SOUS CETTE CHALEUR C'EST COURAGEUX.
RépondreSupprimerMa chére Bianca à la vue de ta petite mine, j'en conclus que tu préféres l'humidité (celle de la Lozere) à la chaleur !!!
bonnes vacances à tous
La cascade de la gamelle a été parfaitement réussie, je n'ai même pas eu le temps de "dégainer" l'appareil photo pour immortaliser la scène.
RépondreSupprimerQuelle classe, à peine tombé aussitôt relevé !
Et il a rassuré ses partenaires d'un "j'ai rien, j'ai rien" sans montrer un quelconque signe de douleur. Quel talent !
Ha ces hommes de théâtre...
TRES BEAU ET TRES REALISTE TON RECIT ON S'Y CROIRAIT
RépondreSupprimerPAS MAL L'APPAREIL DE JEAN LUC IL DOIT GALERER POUR FAIRE DEVELOPPER LES PHOTOS
BIANCA A BIEN GALERER MAIS A TENU LE COUP FELICITATIONS
ET TOI LAURENT MERCI POUR L'ORGANISATION DU WEEK END TU AVAIS MEME PENSE AU FEU D'ARTIFICE POUR L'ANNIVERSAIRE DE CLARA ( BEL ORAGE) PAR CONTRE VERIFIE TON CAMEL IL DOIT ETRE PERCE POUR CONSOMMER AUTANT DE FLOTTE §!!!!
Super recit.. un grand merci à mon binôme pour m'avoir supporté.. à refaire dans d'autre condition !!!
SupprimerBravo Laurent pour ce récit,
RépondreSupprimerça donne envie d'y retourner... (maintenant que les courbatures sont passées),même si c'était difficile, même s'il fesait très chaud
Laurent, je sais ce que tu as ressenti pendant et après ta course...,
mais tu étais là, alors que notre Bianca n'était pas au mieux de sa forme
Etre là pour l'autre, dans les bons mais aussi les moins bons moments
Des courses il y en a pleins, mais pas de Bianca
Encore un grand BRAVO à tous,
et merci à toi Phil, mon binôme qui m'a supporté, cette fois, pendant 29km.
par contre un truc dont il ne s'est pas vanté : il a faillit nous perdre (un problème d'aiguillage) !!!!
Nous avons passé un super week-end, vivement le prochain
Un grand bravo à tous les participants du JCP .
RépondreSupprimerLaurent ton récit m'a fait réver , pendant la lecture j'ai eu l'impression de participer à cette épreuve .
Quelque soit la souffrance vécu je pense qu'aprés quelques jours de repos notre mémoire se rappelle que du bon .
Bonne récup à vous tous et bonnes vacances
bravo laurent superbe récit bravo à tous avec cette chaleur ce n'était pas évident du tout et une mention particulière à ma Nath parce que dans les conditions particulières qu'elle a effectué ces 29kms il fallait beaucoup de courage et de volonté un grand bravo pour elle super week end de beaux souvenirs à refaire bonnes vacances à tous
RépondreSupprimerFrançoise est en train de mettre les dernières touches à son récit de l'avant course.
RépondreSupprimerComing soon...
Merci à tous pour vos messages.... je garde quand même un bon souvenir de ce trail et bien sur de ce super week end.... Je compte pas rester sur une mauvaise course !!! Maintenant un peu de repos, bien mérité..... Bonne vacance à tous
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